Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu [CRITIQUE] - Canet n’est pas Chabat
La nouvelle adaptation des aventures des deux Gaulois doit, dit-on, sauver le cinéma français de la banqueroute. La faillite ne devrait donc pas tarder.
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Publié le 31-01-2023 à 18h00
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Et si le Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre sorti il y a maintenant 20 ans, était l’exception qui confirme la règle, celle qui veut que les fleurons de la BD franco-belge – coucou Gaston, Lucky Luke, Spirou et les autres – soient, en fait, "inadaptables" ?
Depuis ce coup de génie signé Chabat, Laurent Tirard ( Au service de sa majesté) et, surtout, le mégalo Thomas Langmann ( Astérix aux Jeux Olympiques) s’y étaient cassé les dents. Avec L’Empire du Milieu, Guillaume Canet confirme la tendance avec fracas, et tant pis s’il ne cesse de répéter, à longueur de promo, que l’avenir du cinéma français à l’international dépend du succès, ou non, de son film: l’export attendra.
Kung Fu Panda
Nous sommes, comme d’habitude, en 50 avant Jésus-Christ, la Gaule est occupée, sauf le village de nos amis gaulois – vous connaissez la chanson. Puis débarque un chariot avec, à son bord, la fille de l’impératrice de Chine, désespérée que sa mère soit emprisonnée après le putsch réussi par l’ignoble Deng Tsin Qin (prononcez "dancing queen" pour faire rigolo). Ni une, ni deux, Astérix et Obélix s’offrent un city trip pour Shanghaï.
Vous ne voyez pas à quel album de la série fait référence ce scénario ? Normal: il ne correspond… à aucun d’entre eux. Une première trahison qui permet à Canet et son équipe de faire tout et surtout n’importe quoi. Et par exemple de multiplier les bastons en mode Bruce Lee si bien qu’on se croirait, par moments, dans Kung Fu Panda, l’humour en moins.
Parce que même s’il tente de l’imiter, Canet (qui incarne Astérix lui-même, tant qu’à faire) n’est pas Chabat. Et si ce dernier avait parfaitement ingéré l’esprit bédéesque de la série, son cadet se vautre, lui, dans un humour potache pas drôle, fait de références à la pop culture ou de jeux de mots à deux balles ("Ne raconte pas de salades à César", clame Vincent Cassel, choisi pour incarner l’Empereur), qui ne peut (au mieux) faire rire que les moins de 10 ans et dans lequel il s’est senti contraint de glisser les lubies et obsessions du moment, entre veganisme et féminisme.
Un casting sans fin
Pour ne rien arranger, il a composé un casting hétéroclite et sans fin, qui fait plus que flirter avec le mauvais goût: aux côtés de sa bande de potes habituels (son épouse Marion Cotillard, Gilles Lellouche en Obélix, Jonathan Cohen venu faire… du Jonathan Cohen, et ça devient lassant), on retrouve ainsi du chanteur à la mode (Orelsan, Angèle), du youtubeur (Carlito et McFly) et même du footeux (Ibrahimovic, affligeant).
Un naufrage absolu (et on ne parle pas des pirates) dont on peut juste sauver José Garcia, amusant en scribe portugais. Mais pas la scène finale, qui voit Obélix se muer en Patrick Swayze pour nous rejouer la danse mythique de… Dirty Dancing. La seule bonne nouvelle, c’est qu’Uderzo et Goscinny ne sont plus là pour voir ça. La mauvaise, c’est que nous bien.
Comédie de & avec Guillaume Canet. Avec aussi Gilles Lellouche. Durée: 1 h 51.