Les autorités israéliennes veulent durcir le ton
Quelques jours après l’attentat de Jérusalem-est, les ministres de la Défense et de la Sécurité nationale, sous le feu des critiques, entendent bander leurs muscles.
Publié le 30-01-2023 à 17h34 - Mis à jour le 30-01-2023 à 17h35
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"Calmez-vous", a lancé en substance le secrétaire d’État américain aux Affaires étrangères Anthony Blinken lors de son arrivée en Israël ce lundi (après un passage en Égypte). Le contexte de cette visite au Proche-Orient, qui doit aussi passer par Ramallah (Cisjordanie) est explosif, alors que le pays est encore traumatisé par l’attentat qui a eu lieu vendredi passé à Jérusalem-est. Une attaque au cours de laquelle un jeune homme âgé d’une vingtaine d’années a fait feu en pleine rue et au hasard, visant d’abord une personne âgée, puis un motard, puis des badauds non loin d’une synagogue. Bilan : sept morts, dont un adolescent âgé de 14 ans.
Cycle violent
Le soir même de l’attaque, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s’était rendu sur les lieux, sous les cris des passants qui hurlaient : " Mort aux terroristes !", comme l’a rapporté le Times of Israel. "Voyons ce que vous allez faire maintenant!", lui aurait crié un homme, d’après le même journal. La réponse n’allait pas traîner...
La veille, le jeudi, c’était en Cisjordanie, dans le camp de réfugiés de Jénine, que la violence s’abattait soudainement, lors d’une opération coup de poing de l’armée israélienne qui a fait 9 morts côté palestinien. Les autorités israéliennes l’affirment : il s’agissait d’agir contre le jihad islamique palestinien, mais certains habitants du camp dénoncent "une boucherie" au cours de laquelle les forces israéliennes ont tout dévasté au bulldozer et ont "tiré dans tous les coins", selon des témoignages recueillis par France Info.
Ironiquement, le ministre israélien de la Défense Yoav Galant s’était réjoui du fait que l’opération avait permis de neutraliser "une cellule terroriste qui prévoyait de mener une attaque contre des citoyens israéliens dans l’immédiat". Au lendemain de cette déclaration, le carnage est venu d’un homme seul, en plein territoire annexé de Jérusalem.
D’un côté comme de l’autre, aucune option diplomatique ne semble sur la table. Le président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas a rompu toute coopération sécuritaire avec Israël au lendemain de l’attaque de Jénine, et Israël a envoyé des bulldozers détruire les "maisons illégales" de Jérusalem censées abriter les terroristes : "Ce matin encore, la démolition des maisons illégales à Jérusalem continue. Une étape importante pour la gouvernance et la guerre contre le terrorisme", se réjouissait Itamar Ben Gvir lundi, tandis que, deux jours plus tôt, son collègue de la Défense Yoav Galant fustigeait les membres de la Knesset (l’assemblée israélienne) critiques envers l’opération menée à Jénine. Des critiques en formes de "soutien au terrorisme et un préjudice aux soldats de Tsahal (NDLR : l’armée israélienne)", selon lui.
« Chaise électrique »
Sur le terrain législatif, un projet de loi visant à déchoir de la nationalité israélienne les terroristes ayant reçu des fonds de l’Autorité palestinienne est sur la table. Mais Itamar Ben Gvir, qui incarne la ligne dure du gouvernement en matière sécuritaire, entend aller aussi loin que possible en matière répressive. Après avoir proposé que les services de renseignement puissent épauler la police tout en disposant de "pouvoirs spéciaux" et que le port d’arme soit facilité pour les civils israéliens, le sulfureux ministre veut proposer une loi instaurant la peine de mort pour les terroristes.
"Quiconque tue, blesse et massacre des civils devrait être envoyé sur la chaise électrique", a déclaré Ben Gvir ce lundi, promettant au passage des vagues d’opération antiterroristes dans les jours à venir, afin notamment de trouver des… armes qui auraient été cachées par des terroristes. "J’ai demandé à la police de préparer une liste de cibles et de recueillir des renseignements", a-t-il annoncé, lundi.