Aéroport de Liège: aider l’économie wallonne ou sauver la planète ?
Réunions de la dernière chance pour trouver, avant mardi, un accord sur le permis d’exploitation de l’aéroport de Liège. Les négociations se poursuivront ce samedi après-midi.
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Publié le 27-01-2023 à 20h33 - Mis à jour le 27-01-2023 à 21h07
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C’est une bataille idéologique qui se joue entre le MR et Écolo. Un peu comme sur le dossier du nucléaire, mais à l’échelon de la Wallonie cette fois. L’enjeu: le développement des aéroports wallons, celui de Liège dans le cas précis, sur lequel la Région, actionnaire, a beaucoup misé ces vingt dernières années, y investissant près de 700 millions d’euros, rachetant 1 800 maisons, en isolant quelque 3 800. "C’est considérable", rappelait Willy Borsus hier matin.
"Ne nous attaquons pas à ce qui est encore aujourd’hui un fleuron de la région wallonne", estime le ministre libéral, en charge de l’économie, agitant l’enjeu de 10 000 emplois. Vent debout pour défendre la croissance de l’aéroport liégeois, spécialisé dans le transport du fret, Borsus sait user de formules percutantes: "Un gouvernement n’a pas pour vocation de détruire ce qu’il a lui-même mis des années à construire avec succès", lançait-il en début de semaine.
Vocation à détruire
"Un gouvernement n’a pas pour vocation de détruire le climat planétaire", réplique Canopea avec pareille verve, estimant que "le monde évolue". "Au vu de l’évolution des enjeux environnementaux, le temps de la remise en question du développement aéroportuaire n’est-il pas venu ? La reconversion anticipée n’est-elle pas préférable à un arrêt brutal imposé par un contexte en mutation ?", interroge la fédération de 130 associations environnementales qui met en avant non seulement les nuisances de l’aéroport en soi, mais aussi de la masse de trafic de marchandises qu’il engendre.
On se souviendra que la ministre Céline Tellier, Écolo, a été à la tête de l’association quand elle s’appelait encore Inter-Environnement Wallonie. Dès lors que de nombreux recours ont été introduits à l’encontre du permis unique délivré fin août par les fonctionnaires délégués de la Région, mettant de strictes conditions à l’exploitation de l’aéroport pour les 20 prochaines années, il revenait aux deux ministres de s’entendre sur une deuxième version du permis, et de trancher d’un commun accord. D’urgence, car le courrier avec la version ficelée doit être posté avant le 31 janvier minuit. Mardi.
Faute d’accord au sein du gouvernement régional, c’est la version initiale du permis qui sera d’application. Une "catastrophe" pour les dirigeants de l’aéroport. Mais voilà, les discussions restent au sol. La réunion d’hier soir n’a pas abouti. On rediscutera dès ce samedi après-midi.
Pour quelques milliers de vols
Ce qui coince tient principalement en un chiffre: 50 000, soit le cap du nombre de vols maximum que Liege Airport ne pourra pas dépasser dans le futur. Actuellement, on tourne autour de 40 000 vols par an, mais ce sont 67 000 vols qui ont été prévus dans le business plan de l’aéroport pour les vingt prochaines années. Un plan que les actionnaires, y compris régionaux, ont approuvé et qui "tomberait par terre" sans permis d’exploiter adéquat, avec notamment un impact non négligeable sur la valeur des 350 hectares de terrain où Liège espère attirer de nouveaux investisseurs.
Le gap entre ces chiffres est-il si infranchissable ? En avril, le gouvernement avait validé un "plan bruit" pour les aéroports qui tablait, lui, sur une trajectoire de 60 000 vols. Un plafond sur lequel Willy Borsus aurait souhaité qu’on s’aligne.
Les normes de bruit imposées sont une autre source de tension. Mais l’évolution des avions, et l’éviction probable dans les prochaines années des appareils les plus bruyants lors des vols nocturnes dans le ciel liégeois, semble pouvoir offrir une perspective acceptable par tous, comme d’ailleurs sur 95% du dernier texte proposé par les fonctionnaires délégués, disait-on.
Restera, au bout des arguments et des invectives, le message envoyé par chacun à l’électeur.