Des chars en Ukraine : ce que signifie la double annonce germano-américaine
L’Allemagne autorise l’envoi de 14 chars Léopards II en Ukraine, les États-Unis, de 31 chars Abrams.
Publié le 25-01-2023 à 18h56 - Mis à jour le 25-01-2023 à 19h07
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14 chars côté allemand, 31 côté américain. Ce mercredi, les deux nations ont annoncé, à quelques heures d’intervalle, qu’elles soutiendraient l’Ukraine au moyen de dizaines de tanks réputés redoutables.
Le timing de cette double annonce n’a rien d’un hasard. "En fait, l’Allemagne a toujours suivi la même ligne directrice quand il s’agit de livrer du matériel à l’Ukraine : on regarde ce que les États-Unis font, et ensuite on agit en conséquence", éclaire Alain de Nève, du Centre d’étude sécurité et défense (CESD).
Convaincre l’Amérique
Ainsi, concernant les États-Unis, la décision d’envoyer des chars s’est vraisemblablement jouée sur la base aérienne de Ramstein (Allemagne), en fin de semaine dernière. " Il est certain qu’à Ramstein, la question n’était pas ce que l’Allemagne allait faire mais comment convaincre les Américains", abonde Alain de Nève. Ardemment questionné par les journalistes au sortir de la réunion, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin s’était en effet montré on ne peut plus flou…. finalement, les États-Unis sautent le pas, mais sans accéder totalement aux souhaits du président ukrainien. "Cela ne répond pas à la commande de 300 chars de Zelensky", remarque Alain de Nève, qui relève que, concernant les Léopards, "l’idée c’est plutôt de faire des prélèvements dans les pays qui ont ces chars pour ne pas trop les désarmer."
Quant au nombre de chars (42 en tout, tout de même), "c’est un curseur : on fournit des chars, mais pas au niveau de ce que demande Zelensky. C’est assez pour contenir une offensive russe afin de maintenir un rapport de force qui tôt ou tard conduirait Russes et Ukrainiens à la table des négociations."
C’est du moins ce qu’espèrent les Occidentaux, Américains en tête. Le président américain Joe Biden a bien insisté là-dessus ce mercredi : il s’agit bien d’ "aider l’Ukraine à se défendre et à protéger la terre ukrainienne. Ce n’est pas une menace offensive pour la Russie. Il n’y a pas de menace offensive."
"L’Allemagne soutient l’Ukraine dans sa défense contre l’agression russe - un soutien humanitaire, financier et militaire", a pour sa part commenté le chancelier allemand Olaf Scholz.
Les Russes s’arment aussi
De leur côté, les Russes fulminent contre cette nouvelle aide occidentale (lire ci-dessous). Mais eux non plus ne lésinent pas sur les moyens en matière de tanks. "L’industrie de défense russe est apparemment parvenue à accélérer la cadence de production des chars T90", met en garde Alain de Nève. "De 50 unités par mois, ils visent les 100 unités dans les prochaines semaines", pointe l’analyste, ce qui permettrait à la Russie "d’absorber ses pertes".
L’arrivée prochaine de ces tanks constitue donc un renfort de choix pour l’Ukraine, juge l’analyste, alors que l’on assiste à une recomposition des systèmes de commandement russes. "Il faut toujours se méfier des Russes lorsqu’ils sont acculés ; ils sont parfois capables de rebonds redoutables", redoute l’analyste, citant l’exemple de la guerre de Tchétchénie, avec "une campagne de 96 catastrophique, reprise en main en 99 de façon beaucoup plus efficace - et tristement efficace d’ailleurs."