Attentats de Bruxelles: la plus grosse balance de l’enquête, c’est un PC
L’analyse du PC retrouvé dans une poubelle à proximité de la planque de la rue Max Roos a permis d’extraire des fichiers audio édifiant et permettant de retracer les derniers jours de la cellule terroriste.
Publié le 25-01-2023 à 12h27 - Mis à jour le 26-01-2023 à 13h48
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Le PC porte le numéro 18/4500 et est visible dans la vitrine des pièces à conviction de la cour d’assises. Sous la paroi de verre, on y retrouve des éléments clés comme des boulons, des connecteurs, un drapeau de Daech, des armes… Mais au regard de l’enquête, cet ordinateur de marque HP est un des éléments clés pour décrypter ce qui s’est tramé dans les jours et les heures précédant les attentats, pour comprendre quel a été le rôle de certains des accusés. Ce PC, c’est la plus grosse balance de cette enquête...
Le PC "Max Roos" était utilisé dans l’appartement conspiratif de la rue du même nom à Schaerbeek. Apparemment, seul Najim Laachraoui y avait accès. Très probablement, après avoir nettoyé les fichiers qui y figuraient, les terroristes avaient balancé le PC dans une poubelle du quartier, supposant qu’il finirait broyé dans un incinérateur. Mais ce PC est finalement revenu entre les mains des enquêteurs après avoir transité entre celles de deux éboueurs.
Ce mercredi, les enquêteurs ont poursuivi l’analyse des fichiers qu’ils sont parvenus à récupérer. Dans le disque dur, on y retrouvait des mémos, des photos mais aussi des fichiers audio reprenant des conversations entre les terroristes.
Dans le premier audio, daté entre le 13 et le 15 mars 2016, Laachroui (qui se fera exploser à l’aéroport) s’adresse à Oussama Atar, (accusé de ce procès et présumé mort en Syrie). Atar avait en charge, au sein de Daech, des opérations à l’étranger comme les attaques à Paris et à Bruxelles.
Laachraoui demande des conseils techniques
Les paroles de Laachraoui sont empreintes d’énormément de sang-froid et concrétisent une rigueur organisationnelle. Le terroriste pose des questions à Atar sur la fabrication des bombes. Comme un élève qui s’adresse à son prof de chimie, il discute technique: "J’avais testé l’acide sulfurique sans purifier et en le triplant. Plutôt que de mettre 10 ml, j’en ai plutôt mis 30. Ce ne serait pas possible de le faire en réajustant les proportions?"
Laachraoui évoque des projets complètement dingues. Dans l’appartement, la fabrication du TATP avance à grand pas. "En 10 jours, on a fait 130 kilos de TATP." À ce rythme, il envisage de charger 600 kilos d’explosif dans une camionnette: "ça déchire", s’enthousiasme-t-il. Mais ce n’est pas en Belgique qu’il veut frapper. "Il faut éviter de taper la Belgique car c’est une base de repli." La cible privilégiée par la cellule basée à Bruxelles, c’est l’Euro de football en France, cite-t-il clairement.
Les attentats de Bruxelles décidés à la va-vite
Le second message analysé confirme que les événements se sont accélérés, que la précipitation prend le dessus sur l’agenda. La planque de la rue du Dries a été perquisitionnée le 15 mars, Ayrai et Abdeslam ont été arrêtés le 18 mars. "On a eu quelques empêchements, quelques imprévus, dit Laachraoui qui s’adresse à nouveau à Atar. On est bien, enfin pas vraiment. La situation est telle qu’on ne peut plus retarder. On a décidé que ce serait demain, le 22 mars. Tout le monde est cramé…"
Il évoque les cibles et la méthode. "Si on utilise des kalah (NDLR: des fusils Kalachnikov), on va frapper dans la foule et il y a des militaires." La solution, c’est l’attentat-suicide "pour faire un maximum de victimes, il faut s’infiltrer dans la foule."