Le Covid n’a guère impacté le dépistage du cancer
Les retards causés par l’interruption du dépistage organisé du cancer du sein et du côlon lors de la première vague de Covid ont rapidement été résorbés. En Wallonie, on a même dépisté davantage en 2021 qu’en 2019.
Publié le 24-01-2023 à 07h00
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La crise du Covid a-t-elle changé nos habitudes en matière de dépistage du cancer ? A-t-elle généré des retards ou des oublis dans le suivi du dépistage du cancer du sein et du colon proposé aux plus de 50 ans ? Pas vraiment.
Au printemps 2020, les activités de dépistage ont pourtant été interrompues pendant plus de deux mois.
"En ce qui concerne le dépistage du cancer colorectal, on a même arrêté les analyses des tests reçus car si on avait un cas positif, on était certain qu’il n’y aurait pas de prise en charge médicale mais on a renvoyé un nouveau kit aux personnes concernées dès que cela a été possible, explique Michel Candeur, coordinateur du Centre communautaire de référence pour le dépistage des cancers (CRR) en Wallonie. On a fait des évaluations régulières pour voir si on ne risquait pas une perte de chance pour des cancers qui auraient été dépistés trop tardivement mais elles n’ont rien montré de significatif. Les dépistages des cancers du sein et du colon ont repris en 2021 et on a même dépassé les chiffres de 2019 ".
La participation au dépistage organisé du cancer du sein (une mammographie tous les 2 ans, de 50 à 69 ans) est peu élevée: environ 7% en Wallonie mais avec 40 à 45% de dépistage opportuniste (via les gynécologues), la couverture générale pour l’ensemble de la population tourne autour de 50%. Pour le cancer colorectal, elle est de 35% dont 20% via l’autotest envoyé au domicile des 50-74 ans, tous les 2 ans.
Le Dr Jean-Benoît Burrion qui coordonne Bruprev, ASBL chargée d’organiser le dépistage et la prévention des cancers en Région bruxelloise, note pour sa part une légère inflexion en 2022 des chiffres pour le cancer du sein, de l’ordre de 1%. "On est aussi un peu en dessous au niveau du cancer du côlon. On n’a pas fait de campagne de sensibilisation pour le dépistage en 2022, or elles ont un impact positif sur le taux de participation, sans doute parce qu’il s’agit d’autotests".
Vers un dépistage stratifié par risque ?
Le dépistage tel qu’il est organisé actuellement fait débat. "On a toujours travaillé avec un risque moyen comme si tout le monde avait le même risque. Or, on n’est pas tous égaux devant le cancer, explique le Dr Jean-Benoît Burrion. Certaines dames ont un risque plus élevé de développer un cancer du sein, d’autres moins en fonction de leurs antécédents familiaux, de problème de densité mammaire ou de leur hygiène de vie."
Une vaste étude clinique impliquant six pays dont la Belgique et portant sur le cancer du sein est actuellement menée auprès de 56 000 femmes. "Le but du projet MyPeBS est de comparer la stratégie actuelle, une mammographie tous les 2 ans, avec un dépistage stratifié par risque, c’est-à-dire plus ou moins intensif en fonction du risque. On détermine le risque en combinant des questionnaires et un examen génétique, réalisé au départ de la salive. C’est une piste d’avenir !"
Le Dr Burrion, chef du service de dépistage à Bordet coordonne le volet belge de cette étude. 2 000 femmes ont accepté de participer à cette étude. Si le résultat est positif, ce dépistage personnalisé pourrait être appliqué à d’autres cancers (prostate, colorectal…).