Planques et lieux conspiratifs: les terroristes voyageaient dans Bruxelles (- > carte)
La logistique des attentats était déterminante pour que les opérations terroristes soient menées à bien. La cellule a ainsi utilisé plusieurs appartements qui étaient considérés soit comme planque soit comme lieu conspiratif: on vous explique la nuance.
Publié le 23-01-2023 à 11h05 - Mis à jour le 23-01-2023 à 20h23
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Depuis le début du procès, plusieurs lieux stratégiques ont été évoqués par les enquêteurs. Les appartements où sont passés et ou ont vécu les membres de la cellule terroriste sont qualifiés de "planque" ou de "lieu conspiratif". Six appartements ont été identifiés et seuls deux sont repris en tant que lieu conspiratif: l’appartement de la rue Max Roos à Schaerbeek et celui de l’avenue des Casernes à Etterbeek. Quelle est la nuance entre une planque et un lieu conspiratif ? Un enquêteur de la police fédérale l’a expliqué lors de son témoignage le 19 janvier. Il parle ainsi de l’appartement de l’avenue des Casernes, loué par Smaïl Farisi et prêté ou sous-loué à Ibrahim El Bakraoui. L’enquêteur relevait que les frères El Bakraoui ainsi qu’Osama Krayem y avaient logé. Plusieurs membres de la cellule terroriste y avaient transité. C’est aussi depuis cet appartement que Khalid El Bakraoui et Osam Krayem sont partis avec les bombes pour commettre l’attentat dans le métro (Osama Krayem renonçant dans les derniers instants). La veille, Krayem avait fait deux allers-retours vers l’appartement de Max Roos pour aller chercher les bombes qui avaient été fabriquées sur place. "On considère qu’il ne s’agit plus d’un appartement conspiratif quand il ne sert plus qu’à loger. À partir du 21 mars (la veille des attentats), il devient un lieu conspiratif puisque les sacs à dos et les bombes y transitent. Selon notre estimation, la planque bascule vers un lieu conspiratif quand les événements y sont planifiés et organisés."
Le lieu clé de la cellule, c’était l’appartement de la rue Max Roos à Schaerbeek car il a servi de laboratoire pour y fabriquer le TATP, l’explosif nécessaire à la commission des attentats de l’aéroport et du métro. Sur des photos, les enquêteurs constateront que plusieurs armes de guerre y étaient stockées mais elles n’ont jamais été retrouvées.
La cellule était mouvante et avait besoin de changer de planque de manière régulière afin de ne pas se faire repérer.
Source de tensions dans le groupe
Certains appartements étaient trop exigus pour le nombre de personnes qui y habitaient. Cette promiscuité semble aussi avoir généré, par moments, des tensions entre les différents membres. Rue Henri Bergé, à Schaerbeek, Abrini avait raconté aux enquêteurs: "on était vraiment serrés. C’était un kot étudiant. Il y avait un lit, un fauteuil ; pas grand-chose en fait". C’est aussi dans cet appartement que les explosifs pour les attentats de Paris ont été confectionnés.
Dans le dossier des attentats de Bruxelles, six appartements sont mentionnés. Deux d’entre eux (rue Henri Bergé à Schaerbeek et avenue de l’Exposition à Jette) ont aussi été utilisés comme planque dans le cadre des attentats du 13 novembre 2015 à Paris.

Abrini avait expliqué aux enquêteurs " Il ne faut jamais rester tous ensemble dans un seul appartement. L’idée c’était de limiter les risques si jamais il y en avait un qui tombait "
Les appartements étaient généralement loués sous une fausse identité. Pour l’appartement Max Roos, Ibrahim El Bakaroui l’avait loué sous le nom de Miguel Dos Santos. "Le fait qu’il portait un nom portugais m’avait donné confiance, " avait expliqué le propriétaire portugais aux enquêteurs.
Les loyers étaient aussi payés via un compte technique de la Poste. Ce procédé permet de déposer de l’argent cash au guichet et c’est la Poste qui effectue le virement. "Il s’agit d’un procédé classique du milieu criminel," avait commenté la juge Bernardo Mendez.
Ces planques ont été, pour la plupart, découverte après les événements. Seul le logement de la rue du Dries à Forest a été mis à jour alors que les occupants s’y trouvaient toujours. C’est ainsi que, lors d’une perquisition le 15 mars 2016, la police avait été accueillie par des tirs d’armes de guerre. Mohamed Belkaïd avait longuement résisté à l’assaut et avait permis à ses complices, Salah Abdeslam et Sofien Ayari, de prendre la fuite.