Vers une collaboration plus harmonieuse entre sages-femmes et gynécologues
Quand le gynécologue intervient-il dans le suivi d’une grossesse assuré par une sage-femme ? Le KCE a listé les situations cliniques ou psychosociales nécessitant ou pas le renvoi vers des soins spécialisés.
Publié le 20-01-2023 à 04h00
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Organiser les suivis de grossesse au sein d’un réseau de professionnels de santé dans lequel les transitions entre sages-femmes (plus rarement les généralistes) et gynécologues se dérouleraient de façon harmonieuse, sans risque de rupture de la continuité des soins, c’est le vœu du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) formulé dans un précédent rapport intitulé Vers un parcours prénatal intégré pour les grossesses à bas risque.
Une nouvelle étude vient baliser la collaboration entre la première ligne (essentiellement assurée par les sages-femmes) et la deuxième ligne (les gynécologues).
La profession de sage-femme mieux connue
Une mise au point nécessaire car depuis une bonne dizaine d’années de plus en plus de futures mamans décident de se faire suivre par une sage-femme tout au long de leur grossesse.
"On constate une évolution dans la pratique, note Nadia Benahmed, chercheuse au KCE. Avec le raccourcissement de la durée de séjour à l’hôpital après une naissance, les mamans connaissent mieux les sages-femmes qu’elles voient en post-partum à domicile. Le métier de sage-femme étant mieux connu, ces dernières assurent plus souvent des suivis de grossesses multipares."
Il était donc temps de définir clairement le rôle des unes et des autres en listant les situations dans lesquelles les femmes enceintes doivent être orientées vers des soins spécialisés. En d’autres mots, il s’agit de mettre en place un outil de référencement adapté au contexte belge.
188 situations à risque
Un panel de généralistes, de gynécologues et de sages-femmes est parvenu à un consensus concernant 188 situations cliniques ou psychosociales considérées comme étant potentiellement à risque. "On a repris tous les outils qui existaient d’un point de vue international et ceux qui existent déjà dans la pratique entre hôpitaux et sages-femmes indépendantes en Belgique. On a remis tous ces critères ensemble et on les a soumis à un panel. Sur un grand nombre de situations cliniques, médecins et sages-femmes ont pu se mettre d’accord sur le niveau de référence."
4 actions de référencement
Face aux 188 situations cliniques à risque, quatre modes d’action de référencement (le fait qu’un professionnel de santé conseille à un patient de consulter un autre professionnel de santé) ont été définis.
Suivi en soins primaires: la sage-femme assure le suivi prénatal avec deux évaluations médicales obligatoires ‘au premier et dernier trimestres de la grossesse). Trois échographies sont recommandées. Ce type de suivi a été validé pour les femmes enceintes qui présente une allergie médicamenteuse ou autre.
Avis d’un spécialiste: la sage-femme doit envisager une consultation pour avis auprès d’un gynécologue ou d’une consultation multidisciplinaire incluant au moins un gynécologue. Celui-ci décide si le suivi prénatal sera poursuivi en soins primaires ou en soins spécialisés. C’est par exemple le cas pour les patientes de plus de 40 ans, celles exposées à des violences domestiques.
Référencement vers des soins spécialisés: la femme enceinte doit être orientée vers un gynécologue, qui assumera la coordination du suivi prénatal. Il décide si le suivi sera poursuivi entièrement ou partiellement en soins spécialisés. Cette approche s’applique entre autres aux femmes enceintes souffrant de diabète, d’hypertension ou qui développent un cancer.
Référencement d’urgence: la future maman doit être immédiatement orientée vers un gynécologue. Cette prise en charge a été validée notamment pour les patientes qui présentent un décollement placentaire, une éclampsie.
Raisonner en termes de réseaux
Le panel n’a pas pu se mettre d’accord sur un certain nombre de situations. "Pour ces cas-là, le KCE propose de trouver un accord à l’échelle locale, explique Nadia Benahmed. Entre un gros hôpital qui dispose d’un bon réseau de sages-femmes en ambulatoire et un hôpital isolé où le réseau de sages-femmes est insuffisant pour assurer la continuité des soins, les réalités sont très différentes. Cela dépend vraiment des habitudes de travail des uns et des autres."