Les enfants perchés de la Révolution [CRITIQUE & INTERVIEW] - La tête dans leurs nuages
Jean-Sébastien Bordas lance, seul, une nouvelle série jeunesse dans laquelle les mômes déshérités de la Révolution française trouvent refuge… sur les toits de Paris.
Publié le 19-01-2023 à 12h30
Enfant, Jean-Sébastien Bordas aimait construire des cabanes avec les autres gamins du quartier. Des refuges où il a vécu, en leur compagnie, mille aventures "avant que la mairie ne les rase ; je pense que je ne m’en suis jamais vraiment remis", regrette-t-il encore.
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Avec Les enfants perchés de la Révolution, une série qu’il entame chez Casterman avec l’espoir secret d’enchaîner les tomes, ce quadragénaire bon teint vient donc, quelque part, apposer un baume sur cette blessure du passé. Et assouvir, d’une autre façon, ce fantasme vieux comme ses culottes courtes, et qui a désormais le Paris de la Révolution française pour cadre.
Nous sommes donc en 1789, à l’aube d’événements qui changeront à jamais le visage de la France. Michel, 11 ans, est le fils d’un menuisier du Faubourg Saint-Antoine, le quartier le plus peuplé de Paris où se côtoient artisans, manufacturiers… et parfois la plus grande des misères. A fortiori en ces temps difficiles, et alors que l’hiver vient de frapper durement le "petit peuple", lequel n’a de cesse de réclamer des "états généraux" à ce bon vieux Louis XVI, qui fait la sourde oreille… avant de bientôt perdre les deux.
Peter Pan en tête
Bref, la révolte gronde, et va emporter avec elle le père de Michel, dorénavant livré à lui-même et contraint de trouver refuge au sein d’une bande de gosses aussi paumés que lui et qui ont choisi, pour repaire secret, les toits de la capitale. De quoi affronter, avec un peu moins d’effroi et de solitude, le tumulte du grand monde.
De "perchés" à "perdus", il n’y a que peu de chemin à parcourir. Et c’est bien sûr avec la prose de James Matthew Barrie et son Peter Pan en mémoire que Jean-Sébastien Bordas, qui cumule scénario et dessin, a imaginé son récit: "Peter Pan fait, c’est vrai, partie des inspirations que j’ai voulu placer dans cette série. Quand il regarde le monde, l’enfant a cette espèce d’optimisme naturel. Et 11 ans, c’est l’âge de tous les possibles, surtout au moment où l’Ancien Régime s’apprête à tomber."
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Apte à plaire tant aux jeunes qu’aux moins jeunes lecteurs, Les enfants perchés de la Révolution se veut une série rythmée, où se niche aussi une déclaration d’amour à la lecture et au savoir: "On parle souvent des Lumières et de leur héritage, note encore Jean-Sébastien Bordas, alors que personne, ou presque, ne lisait à l’époque. Mais toutes leurs idées étaient aussi diffusées à travers le théâtre. Des histoires que les gens se partageaient ensuite, de manière orale. Et ça, ça crée aussi du lien, quelque chose de commun. Donc oui, dans ce monde comme dans celui d’hier, les livres et les histoires sont très importantes, et j’espère bien réussir à transmettre ce message discrètement, en passant. "
« L’affaire Réveillon », Bordas, Casterman, 64 p., 11.95 €.