Les trois scénarios pour la consigne en Wallonie
La consigne en Wallonie ? On a passé le cap de savoir si on l’aura ou non. On doit par contre décider de la manière de l’appliquer.
Publié le 18-01-2023 à 18h36 - Mis à jour le 18-01-2023 à 20h58
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La question de l’instauration d’une consigne sur les canettes et les petites bouteilles en plastique sera-t-elle tranchée avant la fin de la législature, comme s’y est engagé le gouvernement wallon ? On avance en tout cas. Ce mardi en commission Environnement du parlement wallon, Céline Tellier a clairement indiqué qu’on avait passé le cap de savoir si on le ferait ou non.
"La question aujourd’hui n’est plus de définir la pertinence ou non d’instaurer un système de consigne, mais bien de définir les modalités concrètes de mise en œuvre de ce système, le comment […]", disait la ministre de l’Environnement. Et pour ce qui est de ces modalités, il y a trois scénarios sur la table.
D’abord la consigne classique: le retour en magasins des contenants consignés et remboursement du consommateur sur place.
Le deuxième scénario est celui proposé fin 2022 par le secteur de la distribution (Comeos, Fevia et SPADEL) et Fost Plus, l’acteur du recyclage des emballages ménagers. Il s’agit d’une consigne digitale où le consommateur devrait scanner avec son smartphone un QR code apposé sur la canette avant de la déposer dans le sac bleu ou une poubelle publique (elle aussi munie d’un QR code). Le remboursement du montant de la consigne tomberait alors sur le compte en banque du consommateur. Mardi, la ministre Tellier a évoqué une troisième possibilité: un système "hybride" où la canette est achetée via une carte ou une app et qui, après avoir été jetée dans un sac bleu est déconsignée au centre de tri. C’est là que seraient automatiquement scannés les QR Codes liés à la carte ou l’app du consommateur qui serait alors crédité du montant de la consigne sur sa carte ou son app.
La consigne classique est celle prônée par les associations membres de l’Alliance pour la consigne, qui jugent que c’est le système le plus simple pour le consommateur. Opposées à la consigne digitale, les associations, tout comme Test-Achat, craignent qu’elle ne pénalise les personnes peu familières avec les nouvelles technologies. Se pose aussi la question de la protection des données privées, disent les détracteurs d’un tel système.
À l’inverse, le secteur de la distribution et Fost Plus disent que la consigne digitale a l’avantage de préserver le flux de matières à recycler dans les sacs bleus et évite aux magasins de devoir investir dans des machines pour scanner les canettes (et bouteilles) et dans des espaces de stockage.
Si au cabinet de la ministre Tellier on précise que le système hybride doit encore être mûri, l’idée est de trouver une solution qui gommerait les inconvénients des deux autres tout en maximisant les avantages de chacun. Donc en conservant le sac bleu comme canal privilégié pour récupérer les contenant à recycler tout en évitant aux consommateurs de devoir les ramener en magasin ou les scanner soi-même.
La ministre Tellier a par ailleurs rappelé qu’elle veut "un système qui soit viable économiquement, efficace et qui permette d’obtenir des gains environnementaux et de propreté publique " tout en tenant compte des impacts sur les acteurs locaux et le système de collecte existant ou encore les capacités de stockage à domicile.
Une concertation avec la Flandre et les pays voisins
Les trois régions du pays sont désormais alignées sur l’idée d’instaurer une consigne. Reste à savoir de quel type. Le nord du pays, longtemps réticent, a désormais un temps d’avance puisqu’en décembre, le gouvernement flamand a approuvé une note visant la mise en œuvre d’une consigne. Et c’est l’option digitale qui a été retenue. Même si des expériences pilotes doivent ou non valider ce choix.
La ministre Tellier a rappelé qu’il n’est pas envisageable d’avoir des systèmes différents au sein du même pays. Elle a donc mis en place un comité de pilotage composé des représentants des cabinets des ministres fédéraux et régionaux concernés afin qu’ils supervisent l’analyse que doit faire un bureau d’étude des différents scénarios envisagés pour la consigne. Il est aussi prévu d’inviter des représentants Grand-Duché du Luxembourg pour discuter d’un éventuel système commun auquel se joindraient aussi l’Allemagne et la France. Un premier rapport du bureau d’étude est attendu pour juillet prochain.