La FGTB Liège Huy-Waremme a entamé un plan Renault
Les syndicats ne sont pas à l’abri des licenciements collectifs. La FGTB Liège a annoncé son intention de se séparer de 34 ETP. Explications.
Publié le 18-01-2023 à 04h00
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La FGTB Liège Huy-Waremme a annoncé jeudi dernier son intention de licenciement collectif. Elle entre dans la 1re phase de la procédure Renault. "34 équivalents temps plein sont concernés – 30 employés et 4 ouvriers – sur un total de 130,7 ETP (115,08 employés et 14,99 ouvriers)", confirme Minervina Bayon, secrétaire régionale de la FGTB Huy-Waremme. C’est un peu plus de 25% des effectifs qui sont concernés à ce jour.
Le président de la FGTB Thierry Bodson précise que chaque régionale de la FGTB est un employeur indépendant dans sa structure. Par exemple, la régionale de Gand a le même type de problème, "mais elle a choisi une autre façon pour régler la situation."
Le problème, c’est quoi ? Les revenus du syndicat ont baissé à cause de la diminution du nombre de chômeurs. La FGTB liégeoise avait tablé sur 35 000 à 40 000 chômeurs. Ils sont 10 000 en réalité, ce qui était difficile à prévoir. Le tout survenant après une explosion de cas en période de chômage Covid.
Quel impact sur les revenus de la FGTB ?
Pour couvrir les frais occasionnés par ses activités en tant qu’organisme de paiement (OP) des allocations de chômage, les syndicats reçoivent de l’ONEM (Office national de l’emploi) une indemnité administrative et une indemnité de gestion proportionnelle au nombre de dossiers.
L’ONEM verse aux OP des frais d’administration pour les allocations de chômage, qui diffèrent selon l’OP. En 2019, par exemple, les frais étaient de 21,16 € pour la FGTB, 20,89 pour la CSC, 26,27 € pour la CGSLB et 45,13 € pour la CAPAC. La CGSLB reçoit une indemnité complémentaire de 2 553 303 €, pour compenser le nombre moindre d’affiliés, qui lui est préjudiciable, mais son coût par dossier reste inférieur à celui de la CAPAC.
Selon Thierry Bodson, la baisse n’est pas une pente douce, mais une chute: "Quand on est en période de diminution, la formule de calcul donne des recettes qui sont moins importantes même par cas payés, par des effets de seuil."
Et à la CSC ?
La CSC comprend le problème rencontré par la FGTB, mais elle a réagi dans le passé. "Nous avons diminué de 200 personnes les effectifs de l’organisme de paiement, à partir du nombre de cas chômage diminuait. À la CSC, on coordonne l’activité de l’ensemble de l’organisme de paiement, là où la FGTB laisse de l’autonomie à chaque régionale" dit Marie-Hélène Ska, Secrétaire générale de la CSC
Un glissement en faveur de la CAPAC ?
Lors de la crise Covid, la CAPAC a été très sollicitée. Le signe d’un glissement des chômeurs des syndicats vers la CAPAC ? Pas pour Jean Faniel du CRISP: "Des personnes qui n’étaient pas syndiquées se sont trouvées au chômage Covid et ont choisi la CAPAC. Mais ça ne veut pas dire que les syndicats ont perdu des parts de marché. D’autant que la CAPAC aussi a éprouvé des difficultés pour faire face à l’afflux de demandes et a dû faire appel à des fonctionnaires.".
Le politologue précise que la baisse des cas chômage ne signifie pas que l’emploi se porte bien: "C’est aussi lié au changement de la réglementation chômage." Il explique que les frais administratifs versés par l’État via l’ONEM sont bloqués et ne suffisent plus pour faire face aux dépenses. "C’est un enjeu politique. Plusieurs partis: Open VLD, MR et CD&V veulent la fin des allocations chômage versées par les syndicats. Mais si cette tâche devait être reprise par la CAPAC, les frais seraient beaucoup plus importants. Est-on prêt à payer 45 € de frais administratifs pour 100% des dossiers ? Cela ne va pas dans le sens des économies de l’État et de la sécurité sociale. De plus, il faut être prêt à augmenter la taille de l’administration, qui a été débordée pendant le Covid."
Le problème, c’est que les effectifs sont réduits maintenant, alors qu’arrive une récession qui entraînera du chômage. "On dit qu’il faut un an pour former un agent de chômage, dit Jean Faniel. Idéalement, il faudrait un doctorat en droit, en math, et une formation d’assistant social, parce qu’il y a des tas de législations et des tas de cas particuliers. "