Qatargate: la tortueuse levée de l’immunité
La procédure de levée de l’immunité des députés socialistes Marc Tarabella et Andrea Cozzolino, soupçonnés de corruption, est officiellement lancée.
Publié le 16-01-2023 à 20h29 - Mis à jour le 16-01-2023 à 20h45
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C’est fait : le Parlement européen, par la voix de sa présidente Roberta Metsola, a officiellement acté, ce lundi, l’enclenchement de la procédure de levée de l’immunité des eurodéputés socialistes Marc Tarabella et Andrea Cozzolino, tous deux soupçonnés de corruption dans le cadre du Qatargate.
Le Belge Marc Tarabella est soupçonné d’avoir œuvré en faveur du Qatar (en particulier à l’approche de la coupe du monde de football qui s’est tenue là-bas, contre des faveurs qui restent à prouver), l’autre, Andrea Cozzolino, d’avoir notamment noué des liens étroits avec les autorités marocaines, le second pays cité dans cette affaire.
Onde de choc
Le Qatargate a déjà provoqué la chute d’une vice-présidente du Parlement européen, la grecque Eva Kaili, ainsi que de son compagnon, Francesco Giorgio, passés depuis aux aveux. Dans le cas de Kaili, son immunité avait sauté du fait du flagrant délit : ce n’est pas le cas de Cozzolino et Tarabella, qui par ailleurs a été perquisitionné.
Lors de ses interrogatoires, L’ancien eurodéputé socialiste Antonio Panzeri, soupçonné d’être au centre de l’affaire par l’entremise de son ONG "Fight Impunity", aurait malgré tout lourdement chargé Marc Tarabella, qu’il désigne comme un des bénéficiaires de cadeaux Qataris. Cozzolino est également impliqué par Panzeri, plutôt pour le versant marocain de l’affaire.
Procédure tortueuse
Jusqu’ici, aucun des deux députés ne semble opposé à la levée de son immunité, chacun clamant son innocence, malgré les nuages qui s’accumulent. Ainsi pour Marc Tarabella, qui a omis de signaler un voyage au Qatar effectué au cours de l’année 2022 - comme sa collègue socialiste Marie Arena, pour l’instant relativement épargnée par l’enquête.
La procédure pour la levée de l’immunité est tortueuse : la décision finale est soumise au respect des 14 points du réglement intérieur du Parlement, qui régit les procédures relatives aux immunités. Pour les deux députés, ces procédures devraient aboutir courant février.
Vers des réformes
Ce lundi en plénière, la présidente du Parlement européen Roberta Metsola a promis un ensemble de réformes visant à lutter contre la "corruption" et les "ingérences étrangères" au sein de l’institution, ébranlée par ce scandale de corruption présumée. "Les événements du mois écoulé ont démontré la nécessité de rebâtir les liens de confiance avec les citoyens européens que nous représentons", a-t-elle déclaré en ouverture de la séance plénière à Strasbourg. "Nous prendrons des mesures pour renforcer le combat contre la corruption et les moyens de lutter contre les ingérences étrangères", a-t-elle ajouté.
Avant une réforme plus large de l’institution, Madame Metsola voudrait faire figurer la restriction de l’accès du Parlement européen aux anciens élus, ou l’enregistrement dans le registre de transparence de tous les intervenants extérieurs.
Roberta Metsola veut également que soient publiés les cadeaux, voyages ou rencontres des eurodéputés dans le cadre de leur mandat, mais aussi les sanctions infligées.