Guerre en Ukraine: le soutien militaire timide de la Belgique
Environ 90 millions d’euros d’aide militaire a été fourni par la Belgique à l’Ukraine. Le soutien est timide au regard des autres membres de l’OTAN.
Publié le 16-01-2023 à 11h31 - Mis à jour le 18-01-2023 à 14h00
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Malgré l’insistance de la demande ukrainienne en matériel militaire, la Belgique peine à délier les cordons de la bourse. Un rapport du GRIP (Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité) daté du 27 décembre 2022 relève que la Belgique figure en avant-dernière position des pays membres de l’OTAN donateurs.
Au moment où le GRIP a arrêté son évaluation, il estimait que les livraisons effectuées par la Belgique étaient de 95,14 millions de dollars US. Sur les 30 membres de l’OTAN, 27 ont contribué à l’effort de guerre (Le GRIP est parvenu à rassembler des informations pour 17 d’entre eux). En tête de ce classement trônent les États-Unis avec plus de 18 milliards devant l’Allemagne (+ de 4 milliards), le Royaume-Uni (+ de 3,5 milliards) et la Pologne (+ de 2,3 milliards d’US $).
Interrogée par le député Georges Dallemagne, la ministre Dedonder a précisé que "l’aide apportée est plus large que l’appui matériel en armes. Celle-ci comporte également des dimensions d’assistance à la formation notamment dans le domaine du déminage, de la conduite de certaines opérations ainsi que des volets humanitaires."
Autre reproche qui pourrait être adressé à la Belgique, c’est qu’elle s’est aussi montrée très prudente sur la nature du matériel prêté. La ministre complète sa réponse en précisant avoir puisé "dans les stocks d’armes disponibles […] sans exposer notre capacité opérationnelle."
Des chars M109 bradés
Par manque de disponibilité, le gouvernement belge n’a donc pas fourni de matériel lourd à l’Ukraine. Il s’agit plus généralement de fusils d’assaut, de mitraillettes, de munitions… La situation illustre la capacité de notre défense où les désengagements structurels se sont multipliés depuis les années 2000. Le blog Oryx relève ainsi que "le gouvernement belge a progressivement tenté de débarrasser la composante terrestre de son armement lourd, les derniers canons d’artillerie M109 ayant quitté le service en 2008 et les chars Leopard en 2014."
Ces chars M109, la Belgique les avaient bradés "au prix le plus bas de 15 000 € chacun (y compris les pièces de rechange)." C’est la société FTS (Flanders Technical Supply) qui avait racheté les engins. Lorsque la guerre en Ukraine a éclaté, le gouvernement belge a alors tenté de racheter ses anciens M109 à FTS. En avril 2022, la société flamande en avait encore 28 mais elle en demandait "dix fois plus que le prix que le gouvernement belge leur avait vendu." En matière de gestion financière, l’opération semblait délicate à valider. Finalement, les anciens chars belges ont été offerts à l’Ukraine par le Royaume-Uni qui les a rachetés à FTS "au même prix qu’ils avaient été proposés à la Belgique."
De son côté, le cabinet de la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, confirme que, à ce jour, 90 millions d’euros ont été dépensés dans l’aide à l’Ukraine. Mais, pour le directeur du GRIP, Yannick Queau, ce montant est à nuancer "car on ne connaît pas la valeur réelle du matériel livré. Il s’agit souvent de stock occasion, obsolète et qui devrait être remplacé assez rapidement." De son côté, la Défense précise aussi que les prix annoncés correspondent à "la valeur résiduelle du matériel" et pas à la valeur d’achat
Le calcul du GRIP ne tient cependant pas compte d’une série de matériel inclus dans le montant alloué par la Défense à l’Ukraine. Dans la liste qui nous a été fournie, on y trouve des ambulances, des générateurs de secours et des vêtements d’hiver: "c’est du matériel qui n’entre pas dans notre classification."
Se reposer sur la capacité de l’industrie
L’armée belge ne souhaitant pas réduire sa capacité opérationnelle, il faut alors se reposer sur la capacité de l’industrie de l’armement à fournir du matériel neuf pour approvisionner l’Ukraine. "Depuis la fin de la guerre froide, nous n’avons plus de réserve stratégique. Le gouvernement fait ce qu’il peut en fonction des lignes de production. Si les entreprises disent pouvoir fournir des stocks, cela passe alors au conseil des ministres qui analyse les coûts."