L’hiver doux ne menace pas encore les plantations
La nature bourgeonne en ce début d’hiver anormalement chaud, déboussolant bon nombre de jardiniers qui redoutent les effets d’un prochain coup de froid. Mais pas de quoi menacer, pour l’heure, les plantations au jardin.
Publié le 14-01-2023 à 10h00
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Les températures, bien trop clémentes pour la saison, que l’on connaît depuis deux semaines ont donné un fameux coup de boost à la végétation: les primevères sont en fleur, les iris pointent déjà leurs feuilles et la plupart des arbres et arbustes bourgeonnent…
Faut-il s’en inquiéter, prendre des mesures radicales comme retailler certaines plantes pour les protéger d’un éventuel second coup de froid ? On fait le point avec Marc Knaepen, agronome jardinier, et Jacques Charlier des Pépinières Saint-Jean à Wanze.
Protéger du gel les plantes en pot
Les plantes en pots sont les plus exposées aux températures négatives. Pas question pour autant de retailler les hydrangeas qui bourgeonnent et qui fleurissent sur le bois de l’année au risque de ne pas avoir de fleurs cet été.
Il est recommandé en cas de fortes gelées (elles ne sont pas attendues avant février), de protéger les plantes en pot à l’aide d’un voile d’hivernage ou de les rentrer.
"Mais si les boutons de l’hydrangea gèlent, la plante refera de toute façon de nouveaux boutons par après. Le coup de froid aura pour seule conséquence de retarder la floraison."
C’est le bon moment de tailler la vigne à raisins avant que la sève ne commence à trop monter "mais pour le reste, on reste très prudent par rapport aux tailles", recommande Marc Knaepen
On attendra aussi de découvrir les plantes plus fragiles telles que certains palmiers ou les oliviers, préconise Jacques Charlier, ouvrier aux Pépinières Saint-Jean à Wanze. "En dehors de cela, les jardiniers n’ont pour l’heure pas trop de soucis à se faire car les bourgeons ne sont pas encore au point d’éclore."
Arracher les herbes dans les parterres
Et pour la pelouse qui fait plus de 10 cm, on sort la tondeuse ou pas ? Pour Marc Knaepen, on ne tond jamais une pelouse en hiver "d’autant plus que le sol est encore très humide et on risque de l’abîmer. Et s’il vient une grosse gelée après que l’on ait tondu on risque d’avoir de gros problèmes".
Jacques Charlier est moins catégorique: "En tondant très court maintenant, à condition que le sol ne soit pas trop gorgé d’eau et en dehors de tout risque de gel, on aère la pelouse et on limite la prolifération de la mousse."
Ce redoux exceptionnel dope aussi la croissance des mauvaises herbes. "Dans les parterres, mieux vaut les enlever pour éviter qu’elles n’étouffent les oignons et autres plantes", avance-t-on du côté des Pépinières Saint-Jean.
Mais dans un coin sauvage du jardin, mieux vaut les laisser proliférer, conseille Marc Knaepen "car on constate actuellement qu’il y a déjà des abeilles, des bourdons qui s’activent. Les pissenlits sont pour eux une source de pollen ".
Il est trop tôt pour s’inquiéter des arbres fruitiers qui sont eux aussi en bourgeons. "Tant que les bourgeons sont bien fermés, protégés par leurs écailles, la récolte n’est pas compromise. Les gelées les plus dangereuses sont celles qui sont tardives, qui se produisent en avril quand les fruitiers sont en fleur."
Le temps des racines nues est compté
Mais si le redoux devait perdurer encore quelques semaines, le travail des pépiniéristes pourrait être perturbé, prédit Jacques Charlier. "La plantation des arbres à racines nues va se terminer plus tôt parce qu’une fois que l’arbre fait des feuilles, on ne plante plus. Mais tout ce qui est en pot peut être planté toute l’année."
Et les parasites ont-ils été éliminés par les jours de gel consécutifs que l’on a connus début décembre ? "La croyance qu’une bonne période de gel élimine tous les parasites est fausse, avance Marc Knaepen. Pour les cochenilles, les pucerons et autres parasites habitués à nos régions, un coup de froid ne va pas changer grand-chose… Il va au mieux limiter un tout petit peu les populations."