Faut-il rembourser les app médicales ?
Pour une maladie chronique, un parcours de soins, les technologies numériques médicales peuvent améliorer la donne. Avec quel remboursement ? Le KCE a mené une étude à ce propos
Publié le 13-01-2023 à 06h00
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Les technologies numériques font partie de nos soins de santé. Faut-il aussi les rembourser ?
En Belgique, une seule application est concernée par le remboursement. Elle s’appelle "Move up", une application destinée aux personnes à qui on a posé une prothèse de genou ou de hanche.
Le remboursement de Move up est possible uniquement s’il y a un trajet de soin après l’opération, car l’application pousse les patients à faire de l’exercice et permet de suivre sa progression.
Une étude pour l’INAMI
C’est l’institut national d’assurance maladie-invalidité (INAMI) qui a demandé au Centre fédéral d’Expertise des Soins de Santé (le KCE) d’analyser la manière dont l’évaluation de ces technologies se déroule dans d’autres pays européens. Le KCE devait aussi interroger les acteurs belges du secteur, afin de poser les balises d’une procédure d’évaluation claire et transparente pour notre pays.
Actuellement, il existe déjà une procédure, mais elle reste limitée aux applications mobiles (applis), et selon le KCE, elle manque de rigueur et de transparence.
L’étude du KCE ne porte pas sur les technologies utilisées de manière autonome par les prestataires de soins – comme les logiciels de prescription -, ou par les patients – comme les applis de fitness.
Ce qui intéresse l’INAMI, ce sont les technologies basées sur des logiciels et utilisées directement par les patients en concertation avec les prestataires de soins, par exemple des technologies de monitoring à distance et les logiciels d’aide au diagnostic.
Que se passe-t-il ailleurs en Europe ?
Les critères d’évaluation sont très variables d’un pays à l’autre. En France, par exemple, il y a une série de domaines prioritaires pour le remboursement des outils technologiques au service de la santé: le diabète, les implants cardiaques, le suivi de l’insuffisance cardiaque, rénale et respiratoire. "On pourrait aussi imaginer d’adapter ce type de parcours de surveillance pour des systèmes pour les apnées du sommeil, ou pour les AVC, dans le cadre d’un parcours de soins", dit Karine Rondia, à la communication scientifique du KCE.
En Allemagne, l’éventail de technologies médicales est plus large, et couvre aussi des applis où le patient est autonome, "comme des thérapies cognitives comportementales ou des outils de suivis de la dépression, avec des exercices concrets à réaliser" précise Mme Rondia.
La spécificité allemande, c’est aussi de vérifier que la vie privée est tout à fait à l’abri, là où d’autres se contentent d’une déclaration de respect du RGPD par la société.
De son tour des exemples anglais, néerlandais ou finlandais, le KCE conclut qu’il est probablement encore trop tôt pour juger quel modèle serait le mieux adapté au contexte belge. "Ces systèmes sont eux-mêmes encore en pleine évolution, et l’harmonisation attendue au niveau européen sera la bienvenue. " Cela pourrait être le cas déjà au moins de mars.
Il faudra avancer de façon progressive, en apprenant en cours de route les uns des autres, avec des mises à jour régulières, mais en évitant de prendre du retard dans ce domaine.