Contrôle technique : 11 motos sur 30 recalées (vidéo)
Le contrôle technique est désormais obligatoire pour les motos, dans certains cas. Un test plutôt bienvenu dans le secteur.
Publié le 12-01-2023 à 18h00
“Depuis le 1er janvier, une partie des véhicules de la catégorie L (motos à 2, 3 ou 4 roues, mais aussi les voitures sans permis) doit passer un contrôle technique uniquement en cas de ré-immatriculation du véhicule (avant ou après une revente) ou après un accident, ” précise Pierre-Laurent Fassin, porte-parole d’Autosécurité.
Des contrôles qui ont débuté début de ce mois de janvier et qui ont enfin été accueillis favorablement par les motards, plutôt réticents au départ.
Reportage au centre Autosécurité de Wanze dans notre vidéo en tête de cet article.

11 cartes rouges sur 30
Après seulement quelques jours, on constate malgré tout beaucoup de refus : “11 motos sur 30 ont été recalées, ce qui est énorme”, précise encore Pierre-Laurent Fassin. Souvent pour des problèmes de phare mal réglé, mais aussi pour des défauts plus conséquents : pneus lisses, pas de feu stop, suspensions ou disques de freins usés… “Un motard de Bruxelles s’est présenté au centre de contrôle de Mons (Cuesmes) avec la roue avant qui n’était pas bien fixée. Autant dire qu’on lui a sauvé la vie. ”
A priori, il n’est actuellement pas prévu que ce contrôle soit étendu à toutes les motos. Ce ne serait, en tout cas, pas à l’ordre du jour.

Cinq centres
Pour le moment, en Wallonie, cinq centres de contrôle d’Autosécurité sont équipés pour les tests moto : Cuesmes (Mons), Eupen (bientôt), Habay, Wanze et Aye (Marche-en-Famenne). Bruxelles aura également un centre équipé d’ici la fin de ce mois de janvier. Mont-Saint-Guibert devrait suivre également.
Des employés ont été formés durant plusieurs semaines pour acquérir les compétences adéquates. Une condition leur a été imposée : ils doivent être motards.
Didier Macours est l’un d’eux. Il travaille au centre de Wanze. Depuis la semaine dernière, ces journées sont rythmées par les vrombissements des gros cubes. La liste des tests qu’il doit effectuer est assez longue : “On commence par l’identification, la conformité des documents, le CO, les phares et clignoteurs, la plaque et éclaire plaque, les freins, la direction. Puis on passe sur le banc de moto pour contrôler le châssis, les suspensions, les pneus. Et enfin le volume du bruit est mesuré avec un décibel mètre. ”

Rien n’est laissé au hasard et les techniciens assurent leurs contrôles avec une certaine efficacité.
Du côté des propriétaires de motos, ces tests sont également bienvenus. L’un d’eux nous explique qu’il y a quelques “cow-boys” qui n’hésitent pas à revendre une moto mal réparée ou mal entretenue. Un contrôle technique est dès lors essentiel.
Un autre, Éric Landenne, est venu à Wanze présenter une Harley-Davidson récemment achetée. Le contrôle est ici passé par l’acheteur et non par le vendeur, comme on pourrait l’imaginer.
“C’est important ce contrôle technique mais en grande majorité, les motards font attention à leur moto. Il en va de leur sécurité. Je pense qu’il serait plus intéressant de refaire l’état des routes plutôt que de contrôler les motos. ”
Puisse-t-il être entendu.

Deux fois plus de motos d’occasion immatriculées en décembre
L’entrée en vigueur du contrôle technique a eu un impact majeur sur les ventes de motos fin 2022.
Le bond est spectaculaire : au mois de décembre, les ventes de motos d’occasion ont plus que doublé (+117 %) en Belgique, les motards anticipant leur achat afin d’éviter le contrôle technique de leur machine qui entrait en vigueur au 1er janvier. 7235 motos d’occasion ont ainsi été immatriculées, contre 3323 en décembre 2021, selon les statistiques de Traxio. L’effet « opportuniste » était déjà très sensible en novembre, avec une hausse de 29 %. Si bien que ce sprint final a permis au marché global de l’occasion, assez terne jusque-là, d’atteindre fin 2022 un total de 81436 motos d’occasion immatriculées (+0,9 %).
« Cette situation aura pour conséquence qu’il s’immatriculera beaucoup moins de motos d’occasion dans les prochains mois et, le cas échéant, que davantage de motos risquent de prendre le chemin de l’étranger, principalement les Pays-Bas », prévient Traxio. Outre la contrainte de devoir présenter sa moto au contrôle technique (en cas de revente, ou d’accident), le tarif demandé (48,50 €) peut être dissuasif pour certains usagers.
En Wallonie, plus que dans les autres régions, c’est dans les catégories de motos les plus puissantes que les hausses ont été les plus élevées, avec des bonds de 330 % pour les 500 à 750cc, et de 246 % pour les plus de 1000cc, BMW et Harley Davidson en tête. Ducati y a vu ses ventes bondir de 400 %, et Harley de 166 %!
Le phénomène est assez similaire sur le marché des motos neuves., mais dans une mesure moindre. Il s’est immatriculé 898 nouvelles motos en décembre, soit +45,8 % comparé à l’an passé. Au final, le marché global connaît quand même un léger recul en 2022 (24683 unités, -2,9 %), en raison des pénuries et des problèmes d’approvisionnement, qui ont sans doute amené des clients à se reporter vers le marché de l’occasion. « En 2022, les statistiques de vente d’une marque illustraient davantage sa disponibilité que son succès », note Traxio. Par rapport à 2020, le recul du marché global est de -35,5 %.
Dans ce contexte, Honda et BMW n’ont pas ménagé leurs efforts pour accroître leurs immatriculations et décrocher la place, symbolique, de leader du marché. « Décembre reflète une image positive principalement à cause de cette lutte pour le leadership commercial, objectif qui oblige à enregistrer le plus d’unités possibles », souligne Traxio. Comparé à l’an dernier, les immatriculations de BMW ont augmenté de 94,8 % et celles de Honda de… 597 %, ce qui permet finalement au Japonais de damer le pion à l’Allemand.
Jean-Christophe HERMINAIRE