Ethylotest antidémarrage: une sanction efficace mais trop chère
Le ministre de la Mobilité estime qu’il faut rendre plus accessible, et plus souple, la sanction de l’éthylotest en cas d’ébriété au volant.
Publié le 11-01-2023 à 16h27 - Mis à jour le 11-01-2023 à 16h33
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L’éthylotest antidémarrage imposé aux conducteurs condamnés pour ivresse au volant est une sanction qui fonctionne. C’est la conclusion de l’Institut Vias à l’issue d’une étude menée, sur deux ans, auprès de juges et de 708 utilisateurs du système. À peine 2% des conducteurs équipés ont été décelés positifs par l’éthylotest, preuve selon Vias d’une prise de conscience de la plupart des contrevenants, qui réussissent rapidement à adapter leur comportement.
Plus utilisé en Flandre
Actuellement, en Belgique, près de 1200 conducteurs sont contraints de rouler avec ce dispositif qui oblige à souffler dans un boîtier avant de pouvoir faire démarrer son véhicule. Ce sont en grande majorité des hommes (86%) et dans un cas sur quatre (28%), il s’agit de jeunes de moins de 35 ans. Dans l’étude, des tentatives de fraude n’ont été détectées que dans 0,04% des souffles, c’est-à-dire un souffle sur 2500. Et c’était le plus souvent du fait de jeunes entre 18 et 24 ans. Parfois la prise de conscience se fait tardivement, à mesure de l’avancée du programme. Le déclic se perçoit souvent dans les entretiens avec les psychologues et la fréquence des souffles positifs baisse au fur et à mesure du programme.
En grande majorité, les participants à cette étude habitent en Flandre, les juges wallons étant semble-t-il moins adeptes de ce type de sanction. Car si, depuis 2018, l’éthylotest antidémarrage est obligatoire en cas d’infraction à 1,8 g/l d’alcool dans le sang (ou de 1,2 g/l s’il y a récidive), les juges conservent malgré tout leur pouvoir d’appréciation.
Un dispositif trop cher
Un des principaux reproches que les magistrats font au système, c’est son coût: entre 3500 et 4000€ pour l’ensemble du programme, difficile à imposer à des contrevenants qui sont un peu plus souvent précarisés que la moyenne. Ceci dit, le coût pour l’intéressé ou la société sera bien plus élevé en cas d’accident en état d’ébriété, souligne le juge Luc Brewaeys, du tribunal de police de Vilvorde.
Les juges ont aussi la possibilité de déduire de la facture du système le coût des amendes infligées pour l’infraction, "ce qu’ils font quasi systématiquement" précise Karin Genoe, CEO de Vias. L’institut souligne également qu’un troisième fabricant a demandé l’homologation de son appareil, qui viendrait s’ajouter aux deux déjà agréés, une concurrence qui pourrait faire diminuer les prix. Le ministre Gilkinet rappelle, pour sa part, que l’Union européenne vient d’imposer aux voitures un prééquipement qui facilitera l’installation d’un éthylotest antidémarrage.
De la souplesse dans la sanction
Mais c’est l’ensemble du programme qui coûte cher, et notamment les rendez-vous réguliers imposés avec des psychologues. "Nous allons remettre sur le métier l’arrêté royal qui fixe l’accompagnement des contrevenants pour permettre davantage de souplesse. Il pourrait y avoir moins de visites chez le psychologue si l’on constate que les résultats sont bons", annonce le ministre, qui se dit soucieux d’améliorer la sécurité routière mais pas opposé à la liberté d’appréciation des juges.
Reste qu’il n’y a pas que l’alcool qui pose problème, mais aussi l’usage de drogues au volant, comme le soulignait aussi le juge Bewaeys. Et là, les autorités se sentent pour le moins désarmées.