Doel 4 et Tihange 3: un accord qui rend caduque l’ambition historique de la loi de 2003
L’accord conclu entre l’État belge et Engie-Electrabel repousse à 2036 la sortie complète du nucléaire en Belgique.
Publié le 10-01-2023 à 06h00 - Mis à jour le 11-01-2023 à 00h47
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Ce n’est pas la première fois que le gouvernement fédéral décide de prolonger la durée de vie de réacteurs nucléaires à des fins de production industrielle d’électricité.
Par deux fois, déjà, la Belgique avait procédé à un tel stratagème en vue de sécuriser l’approvisionnement du pays en la matière.
Ainsi, en décembre 2013, le gouvernement Di Rupo – et son secrétaire d’État en charge de l’Énergie Melchior Wathelet – avait décidé de prolonger Tihange 1 pour une durée de 10 ans, reportant sa fermeture au 1er octobre 2025.
Dans un second temps, en juin 2015, c’est cette fois le gouvernement Michel I – et sa ministre de l’Énergie Marie-Christine Marghem – qui avait pris une décision identique concernant les réacteurs Doel 1 et Doel 2: la date de fermeture de ces deux unités avait alors été reportée au 15 février 2025 pour le premier et au 1er décembre de la même année pour le second.
Jamais deux sans trois
En annonçant le 18 mars dernier la nécessité de prolonger la durée de vie de Tihange 3 et Doel 4 pour, là encore, une période de dix années supplémentaires, c’est donc un troisième coup de canif que le gouvernement De Croo – et sa ministre de l’Énergie Tinne Van der Straeten – est venu donner au texte de loi du 31 janvier 2003, lequel avait jeté les bases législatives de la sortie progressive en Belgique du nucléaire à des fins de production industrielle d’électricité.
Mais, cette fois, l’accord obtenu avec l’exploitant des deux réacteurs concernés (Engie-Electrabel) signe un véritable bouleversement d’un point de vue symbolique.
En effet, lorsque le gouvernement Verhofstadt I – et son secrétaire d’État à l’Énergie Olivier Deleuze – avait inscrit cette ambition de sortir la Belgique du nucléaire à des fins de production industrielle d’électricité dans un texte de loi en 2003, notre pays devenait alors l’un des pionniers en la matière. Mais alors que le texte organisait, de facto, la sortie complète pour le 1er septembre 2025, l’accord conclu hier entre l’État belge et Engie-Electrabel – lequel devra encore être traduit dans un nouveau texte de loi dans les prochains mois – prolonge donc la présence sur le sol belge de réacteurs nucléaires de puissance bien au-delà de cette date, rendant ainsi caduques tant l’ambition que la dimension historique de la loi de 2003.