Des coups de fouet pour “trafic de devises” : le jugement “délirant” contre Olivier Vandecasteele
L’humanitaire belge, dont on pensait connaître la terrible peine de prison (28 ans), a en fait écopé de 40 ans, ainsi que de 74 coups de fouets.
Publié le 10-01-2023 à 17h09 - Mis à jour le 13-01-2023 à 17h51
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De la peine infligée à l’humanitaire belge Olivier Vandecasteele, retenu prisonnier en Iran depuis la fin février 2022, on pensait connaître le nombre d’années (28 ans), et on subodorait le motif (espionnage, confirmé depuis). L’on apprenait ce mardi que la peine de prison se monte en fait à 40 ans et est assortie de 74 coups de fouets. Et que le Belge fut également “jugé” pour avoir prétendument espionné pour le compte d’agents étrangers, notamment des États-Unis.
Mais ce n’est pas tout : l’Iran l’a également jugé coupable – au terme de ce qui s’apparente à une parodie de procès – de trafic de devises et de blanchiment, à hauteur de 500 000 dollars. Un jugement et des charges “délirants “, selon son ami Olivier Van Steirtegem, qui estime que l’Iran “charge volontairement la barque “pour mettre le gouvernement belge sous pression. C’est en outre pour le chef d’accusation de trafic de devises et blanchiment qu’Olivier Vandecasteele écope des coups de fouets, comme le rapporte l’agence étatique iranienne Mizan News. “Concernant le troisième chef d’accusation, contrebande professionnelle de devises d’un montant de 500 000 dollars, le président du tribunal a condamné le citoyen belge à 2,5 ans d’emprisonnement, à la confiscation de la monnaie de contrebande, au paiement d’une amende égale à deux fois le prix quotidien des rials, et 74 coups de fouet”, peut-on lire sur le site de l’agence.
Diplomatie impuissante
”Pour la Belgique, M. Vandecasteele est innocent et doit être libéré. D’ici là, nous demandons une amélioration de ses conditions de détention”, a plaidé la ministre des Affaires Étrangères, Hadja Lahbib, la semaine passée, alors qu’il était confirmé qu’Olivier Vandecasteele était bien accusé d’espionnage.
Mercredi passé, l’ambassadeur belge en Iran a pu rendre visite au Belge, qui souffre physiquement et psychologiquement de conditions de détention manifestement inhumaines.
Alors que l’Iran connaît un soulèvement populaire inédit ces dernières années et semble prêt à tout pour éteindre la contestation, la Belgique ne peut actuellement pas grand-chose pour son ressortissant, comme l‘expliquait Hadja Lahbib voilà déjà plusieurs mois, après avoir convoqué plusieurs fois l’ambassadeur d’Iran – sans succès. “Hausser le ton revient à crier dans le désert “, avait-elle reconnu, alors que la Belgique négociait un traité avec l’Iran en vue d’échanger, à terme, Olivier Vandecasteele avec un diplomate iranien, Assadollah Assadi, condamné à vingt ans de prison en Belgique pour avoir fomenté un attentat contre la résistance iranienne réfugiée en France ; un attentat évité de justesse en 2018.
Pour rappel, ce cas de conscience a déchiré la Chambre cet été, mais les députés avaient, en tout état de cause, choisi de sauver l’otage belge, quitte à libérer le diplomate terroriste. Las, la Cour constitutionnelle, jugeant que rien ne garantissait que l’Iran respecterait les termes du traité, a suspendu la loi, éloignant de fait la perspective d’une libération rapide de l’otage belge. Les proches de l’humanitaire, en particulier Olivier Van Steirtegem, avaient alors dénoncé un “échec absolu de notre diplomatie”. À Tournai, la ville dont est originaire M. Vandecasteele, une grande bâche de soutien sera déployée sur le beffroi ce 12 janvier. Un rassemblement est prévu à 14h30.
Hadja Lahbib convoque l’ambassadeur iranien
“Aucune information concernant les charges contre Olivier Vandecasteele et son jugement n’a été fournie officiellement par l’Iran”, a réagi la ministre des Affaires Étrangères belge Hadja Lahbib. “Nous allons convoquer l’ambassadeur d’Iran aujourd’hui vu les infos diffusées par voie de presse”, a-t-elle poursuivi mardi dans un communiqué, promettant que “la Belgique continue de condamner cette détention arbitraire et met tout en œuvre pour y mettre un terme et améliorer ses conditions de détentions. ”
Si l’information concernant les charges contre Olivier Vandecasteele semble véridique (plusieurs agences étatiques iraniennes l’ont relayé), il est vrai que les décisions de justice sont prises dans l’opacité la plus complète, et qu’il est difficile de se fier à des organes qui n’ont rien d’indépendant… mais relaient, plus ou moins fidèlement, la voix du régime. Ce qui est précisément le cas de Mizan News, qui se veut spécialisée sur la couverture “honnête” de l’actualité judiciaire iranienne… “sous la protection de Dieu Tout-Puissant”.