« Kaléidoscope », un braquage en morceaux
La mini-série Netflix revisite les braquages dans un style qui rappelle un peu la franchise " Ocean’s ", mais en inventant sa propre grammaire… et en offrant le choix de l’ordre de lecture au spectateur.
Publié le 09-01-2023 à 19h30
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Braquer une banque, même en 2023, reste un concept de nature à nourrir une œuvre de fiction. Kaléidoscope, la mini-série mise en ligne par Netflix le 1er janvier, et dont le succès est assez fulgurant (elle est la plus regardée du moment), est là pour le prouver, une fois encore.
La chose peut aussi être réinvitée, dirait-on. Car loin des chemins balisés, convenus voire plagiés (coucou The Inside Man) de la très surcotée Casa de Papel, Kaléidoscope propose un concept plutôt original puisque les huit épisodes de cette série américaine peuvent être regardés… dans n’importe quel ordre, du moment que le spectateur finisse par l’épisode "blanc". Car oui, chaque épisode est aussi estampillé d’une couleur, un détail qui tient, là, davantage de la coquetterie, mais qui explique le titre du programme.
Inspiré d’une histoire presque vraie
Qu’y raconte-t-on ? L’ambitieux casse mené par un vieux voleur du nom de Leo Pap (et qui sent bon le blase d’emprunt) et son équipe. Leur objectif: voler les… 7 milliards de bons au porteur planqués par une richissime entreprise de sécurité – et son patron véreux – dans un coffre-fort du centre de Manhattan.
Une histoire qui possède une base authentique puisqu’elle s’inspire de la façon dont des obligations d’un genre et d’un montant similaire ont été ravagées par les eaux lors du passage de l’ouragan Sandy à New York à la fin du mois d’octobre 2012. Six mois après ce drôle d’incident, 99,9% des bons avaient finalement été retrouvés et placés en lieu sûr (après une petite restauration pour les plus abîmés), ce qui n’avait pas empêché le showrunner Éric Garcia d’en tirer une fiction dès lors plausible.
Un concept un peu déstabilisant, qui empêche d’avoir une vue claire sur la pièce en train de se jouer
L’autre originalité de ce braquage semble-t-il impossible est qu’on… ne le voit jamais, la chose étant évacuée à la va-vite lors d’un des huit épisodes (on ne vous dira pas lequel, histoire de ne pas spoiler le bidule), sans s’attarder trop longuement sur les détails techniques et les merveilles technologiques qui l’ont rendu possible. L’action préfère se concentrer sur les vies des différents protagonistes, qui sont explorées sur une période de 25 ans, à coup de nombreux flash-back et flash-forward (des sauts en avant dans le temps), et au prix de cures de rajeunissement (ou de vieillissement) assez bluffantes.
Le concept est, par moments, un peu déstabilisant et, parce qu’il empêche d’avoir une vue claire sur la pièce en train de se jouer, un poil frustrant. Libre à chacun, d’ailleurs, de se repasser certains passages une fois la conclusion entérinée, afin d’assembler, pour de bon, toutes les pièces du puzzle. Et de comprendre qui sont, ici, les "bons" et les "méchants".
Un casting international
L’intérêt de Kaléidoscope doit donc beaucoup, également, à la composition de son équipe de braqueurs. Une équipe hétéroclite, très féminine et… internationale puisque se côtoient, côté casting, le Britannique Rufus Sewell, l’Espagnole Paz Vega, l’Égyptienne Rosaline Elbay ou encore l’Américano-Danois Giancarlo Esposito, celui qui incarne le "cerveau" du groupe.
Il y a là le geek de service, le chauffeur virtuose et un peu naïf, la spécialiste des armes à feu, une chimiste de génie et – peut-être le rôle le plus intéressant – son mari, violent et dénué de toute morale.
Bref, de quoi remplir avantageusement vos longues soirées d’hiver. Et rêver, vous aussi, de ce que vous feriez de sept milliards de dollars.
Netflix, 8 épisodes