Solberg, le dernier cham pion WRC avant le début de l’ère L oeb
La dynastie Solberg se poursuit 20 ans après le titre mondial d’" Hollywood ".
Publié le 05-01-2023 à 06h00
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L’année 2003 restera dans les annales du Championnat du monde des rallyes. Cette année-là, Petter Solberg est sacré pour la première et seule fois de sa carrière en WRC.
À l’issue du Rallye de Grande-Bretagne qu’il remportera quatre fois consécutivement aux commandes d’une Subaru, le Norvégien de 29 ans devance par le plus petit écart le pilote Citroën Sébastien Loeb, 72 à 71.
Cette saison marque un tournant dans l’histoire du championnat. Avec seulement trois points et deux abandons lors des trois premières manches, le pilote officiel de l’Impreza bleue avait très mal démarré l’année. Mais il enchaînera quatre succès sur la deuxième partie du championnat à Chypre, en Australie, en Corse et en Angleterre pour venir coiffer le nouvel espoir français au terme d’un dernier rallye au départ duquel quatre pilotes pouvaient encore être titrés.
Forfait de Burns et sortie de route Sainz, ce sera un duel avec Loeb
Mais le forfait de Richard Burns (atteint d’un cancer, le champion 2001 décédera deux ans plus tard), et la sortie de route précoce de Carlos Sainz, fit vite tourner l’épreuve en un duel remporté haut la main (43’’6 d’avance) par celui que l’on surnomme "Mister Hollywood" pour son sens du show.
Petter fête ses succès à la manière des pilotes de rallycross, en montant tout en roulant sur le toit de sa voiture.
Ce RAC Rally 2003 marque la fin d’une génération et le début de l’ère Loeb qui alignera ensuite neuf sacres mondiaux. Sur le podium, le quadruple champion Tommi Makinen dispute son dernier rallye mondial (il ne reviendra jamais), tandis que Colin McRae, quatrième devant les Belges François Duval et Freddy Loix, ne roulera plus par la suite en tant que pilote officiel.
Après le sacre, huit succès et deux fois vice-champion
Il ne le sait pas encore, mais Solberg est déjà à l’apogée de sa carrière. Il remportera encore 8 victoires mondiales et terminera deux autres fois vice-champion en 2004 et 2005 (il l’avait déjà été en 2001), mais ne réussira plus jamais à battre le dieu Loeb.
Champion de rallycross et de courses de côte en Norvège dès son plus jeune âge, le beau parleur Petter avait réussi à convaincre son banquier de lui prêter l’argent nécessaire pour acheter une Toyota Celica GT-Four pour débuter en Mondial des rallyes en 1998. "Je vais devenir champion du monde et vous rembourserai vite", avait-il déclaré avec audace.
Il a tenu parole et est revenu voir son banquier cinq ans plus tard avec sa couronne.
Avec les Andretti aux États-Unis, la famille Solberg est la plus grande dynastie du sport automobile. Pas moins de dix membres de la famille ont déjà roulé en rallye. Petter s’est marié en 2002 à Pernilla Walfridson, rallywoman et fille de Per-Inge, un autre ancien rallyman comme ses deux frères Stig-Olov et Lars-Erik vus dans nos contrées dans les années 80.
Ensemble, ils ont eu Oliver, né en septembre 2001, et nouveau pilote Skoda en WRC après un titre en rallycross à 15 ans.
Une famille de rallye
Petter a aussi un frère, Henning, marié à Maud Tidemand, copilote occasionnelle dont le fils Pontus a aussi été un espoir en rallye. Né d’une première union, Oscar Solberg est le "vrai" fils d’Henning et a déjà disputé une cinquantaine de rallyes. Vous suivez ?
La carrière mondiale de Petter a été essentiellement associée à Subaru même s’il a piloté aussi des Ford chez M-Sport avant de créer son propre team, le Petter Solberg Racing Team qui alignera des Citroën (Xsara, C4 puis DS3) de 2009 à 2011.
En plus de son titre et de ses 13 succès mondiaux, Petter est monté sur 52 podiums et a signé 436 meilleurs temps en WRC.
Champion du monde de rallycross
En 2014, il a abandonné le Mondial des rallyes pour retourner à ses anciennes amours, le rallycross, toujours avec sa propre structure et deux titres mondiaux à la clé en 2014 et 2015 sur DS3. Il est ainsi devenu le premier pilote à être sacré champion du monde dans deux championnats FIA.
En 2019, après quelques courses et autres victoires mais aussi un gros crash avec une Polo (dix en tout), à 44 ans, il annonce sa retraite sportive. Mais il se ravise quelques mois plus tard en disputant son dernier WRC à ce jour en Angleterre en même temps que le premier de son fils Oliver, les deux au volant d’une Polo R5. Oliver sort de la route, mais son papa termine dixième au général et deuxième de la catégorie R5 à 45 secondes de la Skoda de Kalle Rovanpera.
Depuis, "Hollywood", qui a encore gagné la Coupe des nations lors de la Course des Champions, associé à son fils l’an dernier (il y participera encore fin janvier), se concentre surtout sur la carrière de son rejeton qu’il manage et accompagne sur toutes les épreuves. C’est lui qui a réussi à convaincre Andrea Adamo de lui confier le volant d’une WRC de pointe (une voiture privée de PH Sport d’abord puis une WRC1) après son titre de champion d’Europe avec Hyundai en 2020.
Il suit la carrière de son fils de très près
On parle même de l’ancien champion du monde pour succéder au boss italien à la tête de l’équipe au cours de la saison 2022. Mais finalement il n’en sera rien. Pire, selon certains échos, c’est l’omniprésence de Petter et la pression exercée sur son fils mais aussi sur le team qui aurait poussé Julien Moncet à mettre un terme à la collaboration avec le jeune Suédois, quatrième à Ypres en 2022.
Mais il en faut plus pour décourager les Solberg. Petter qui a le soutien de la boisson énergétique Monster, songe durant l’hiver à faire renaître son propre team, en association avec Ott Tanak, pour faire rouler des Ford. Mais finalement le projet échoue et Oliver disputera la saison en tant que pilote officiel Skoda sur une nouvelle Fabia alignée par Toksport.
Objectif : le titre mondial en WRC2. Un pas en arrière pour espérer rebondir de plus belle dans le futur pour Oliver qui vient à peine de fêter ses 21 ans. Nouveau héros de la famille, le gamin qui a étudié à l’école de la FFSA Academy au Mans et parle donc français a encore huit ans pour faire aussi bien que son "dad" et être sacré à son tour.
Durant les deux dernières décennies, on n’a donc jamais arrêté de parler des Solberg. Et ce sera certainement encore le cas lors des 20 prochaines années, le rallye faisant partie des gênes familiales.