Flambée des prix : enfin l’accalmie en 2023 ?
Énergie, produits alimentaires : l’inflation a atteint des niveaux records cette année. Que réserve 2023 ?
Publié le 29-12-2022 à 07h00
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Cette année a été particulièrement rude pour le portefeuille des consommateurs. Qu’il s’agisse du carburant ou des articles de première nécessité, les prix de la plupart des produits et services ont grimpé de manière effrénée ces derniers mois. En Belgique, l’inflation a même atteint le pic de 12,27% en octobre. Des niveaux records qui n’avaient plus été observés depuis quarante ans, dans le sillage du second choc pétrolier de 1979.
Des chocs à répétition
Cette forte hausse des prix a été amorcée par le redémarrage de l’économie après la crise du Covid. "On a, en fait, assisté à un choc de la demande qui a été très violent, aussi violent que le ralentissement de l’activité économique que l’on a connu durant la crise sanitaire, avance Bernard Keppenne, chief economist chez CBC Banque et Assurance. Cette forte demande a alors provoqué une distorsion entre l’offre et la demande, et donc, des tensions sur les prix des matières premières et de l’énergie."
Les ruptures dans la chaîne d’approvisionnement, esquissées en 2021, ont encore accentué ces hausses tarifaires, pour afficher des niveaux d’inflation inédits. Et pas seulement en Belgique : en novembre, l’inflation caracolait à 10,1% dans la zone euro. Elle devrait également s’établir à 8%, au quatrième trimestre, dans les pays du G20.
La guerre en Ukraine constitue enfin le dernier maillon de la chaîne. Ce conflit a en effet alimenté l’inflation en plongeant l’Europe dans une profonde crise énergétique. "Cet événement a entraîné un choc de l’offre très négatif : la guerre a eu un impact colossal sur la hausse des prix du gaz, qui jouent un rôle essentiel dans ces taux d’inflation élevés."
Amélioration en vue pour 2023
Petite éclaircie dans ce tableau peu réjouissant: l’inflation a entamé un léger mouvement de repli en novembre (10,63 %) et en décembre (10,35 %). Si cette évolution paraît rassurante, elle reste cependant très timide. D’où cette question légitime : les prix vont-ils enfin baisser en 2023 ? La réponse est malheureusement négative.
La bonne nouvelle, c’est qu’on assistera à une moindre croissance des prix. Selon les dernières prévisions du Bureau du Plan, le taux d’inflation annuel s’établira à 5,3% en 2023 contre 9,6% en 2022.Une baisse significative qui devrait quelque peu rassurer les consommateurs. "On va effectivement s’engager dans un scénario de lente décrue en 2023, confirme Bernard Keppenne. Nous tablons sur des niveaux de l’ordre de 6% pour l’année prochaine, ce qui reste quand même très élevé par rapport à ce que nous avons connu avant la crise du Covid." Selon l’économiste, il faudra encore 2-3 ans pour que l’inflation redescende à des taux plus raisonnables.
Pour l’heure, on en est loin. En dépit de la stabilisation des prix de l’énergie, l’inflation pourrait faire de la résistance en ce début d’année, développe Philippe Ledent, économiste chez ING et chargé de cours à l’UCLouvain. Le phénomène d’indexation automatique des salaires devrait en effet booster les prix de nombreux produits. "Il ne faut pas oublier que des milliers de travailleurs vont bénéficier d’une indexation de 11%. Cela signifie que les coûts des entreprises vont drastiquement augmenter." Le risque, c’est évidemment qu’elles reportent ces hausses sur le prix de vente. "C’est ce qui nous fait peur, pour ce début d’année [...] Cela dit, tout le monde table sur une inflation plus basse pour 2023."
Si la tendance évolue tout de même dans le bon sens, inutile de se faire de faux espoirs : il n’y aura pas de retour en arrière. "Une très large part de la hausse des prix sera définitive, a fortiori sur les produits alimentaires qui sont, aujourd’hui, fortement impactés par la flambée des prix de l’énergie, souligne Bernard Keppenne. On sait très bien que lorsqu’on assiste à une augmentation des prix, il n’y a jamais d’effet inverse."