Coq-sur-Mer 1933 - Quand Einstein « visitait » la Côte Belge
En 1933, Albert Einstein, menacé par le IIIe Reich, vécut quelques mois au Coq. Une parenthèse méconnue, racontée par Baudouin Miel dans un album étonnant.
Publié le 29-12-2022 à 12h00
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On sait que, pacifiste dans l’âme, Albert Einstein ne s’est jamais totalement pardonné d’avoir mené aussi loin ses recherches sur l’atome, lesquelles ont indirectement conduit les États-Unis à mettre en place leur fameux "Projet Manhattan", lequel aboutira aux attaques nucléaires contre Nagasaki et Hiroshima.
Ce que l’on sait moins, par contre, c’est que le chemin d’exil qui l’amènera à franchir l’Atlantique, Albert Einstein fit d’abord une petite "halte" en Belgique, d’abord à Anvers, puis au Coq (De Haan, pour nos compatriotes flamands), où il séjournera durant six mois. Un épisode raconté, aujourd’hui, dans Coq-sur-Mer 1933, un album paru aux éditions Anspach, par le scénariste brabançon d’origine tournaisienne Rudy Miel: "Cette histoire est un peu folle, reconnaît-il, et me permettait de faire quelque chose à partir d’un personnage universel dans un lieu par ailleurs très photogénique."
Un endroit où subsistent encore de nombreuses traces du passage du célèbre scientifique d’origine allemande. Et qui, fut, à cette période, l’objet d’une surveillance accrue de la Surêté de l’État, conscience des enjeux diplomatiques qui graviraient autour de lui et bien décidée à le protéger afin qu’il ne soit pas enlevé ou, pire, assassiné: "Comme je suis journaliste de formation, poursuit Rudy Miel, j’aime me trouver au plus proche de la vérité. Je suis donc allé fouiner dans les archives du Royaume et les extraits de presse de l’époque. On y explique notamment la façon dont Einstein vivait cette surveillance rapprochée, et les menaces – écrites, par exemple – dont il faisait régulièrement l’objet."
Avec pour appui le très beau dessin ligne claire de Baudouin Deville, il brode donc autour d’éléments connus qui, eux aussi, ne lassent pas de surprendre le lecteur. On apprend ainsi que la passion que nourrissait également Albert Einstein pour le violon l’amènera à se produire, durant son séjour belge, au Kursaal, le grand casino d’Ostende.
Et qu’il le fit… en présence de la reine Élisabeth, alors veuve d’Albert Ier, notre troisième souverain. "L’épisode est assez incroyable, reconnaît Baudouin Miel, qui travaille déjà sur d’autres scénarios qui, eux aussi, exploreront l’Histoire de notre pays, mais ils se connaissaient de longue date: ils avaient échangé des lettres, et Einstein avait déjà été reçu plusieurs fois au Palais en sa qualité de membre des ‘‘Comités Solvay’’ (NDLR: des conférences en physique et chimie auxquelles prenaient part les plus grands scientifiques de leur époque)."
Anspach Deville/Miel, 54 p., 15 €.