Une prime jugée « discriminatoire » par les logopèdes
La prime de 100 millions d’euros promise en 2023 aux prestataires de soins ne fait pas que des heureux. Kinés et logopèdes pointent les conditions d’octroi discriminatoires.
Publié le 28-12-2022 à 06h00 - Mis à jour le 28-12-2022 à 06h56
:focal(544.5x371.5:554.5x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/O2L5UNTOXVCFTPJNIUDQH2YZJA.jpg)
La semaine dernière, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Voorruit) annonçait qu’une prime de 100 millions d’euros serait versée en 2023 aux prestataires de soins totalement conventionnés et qui atteignent le seuil d’activité requis dans leur pratique ambulatoire.
Qui sont les bénéficiaires de cette prime ? Les médecins, pharmaciens, dentistes, sages-femmes, infirmiers, kinésithérapeutes, logopèdes, orthopédistes, opticiens, bandagistes, audiciens (implants auditifs externes) et pharmaciens biologistes.
Les montants de cette prime annuelle structurelle, donnés à titre indicatif, varient de 1634€ (dentistes) à 967 € (audiciens). Chaque pharmacie recevrait 1 790 €.
Une bonne nouvelle ?
Pas pour AXXON. L’association de défense professionnelle représentative des kinés en Belgique rejette certaines conditions d’octroi de la prime de 1 197 € "T ous les kinésithérapeutes qui gèrent leur propre cabinet sont confrontés aux mêmes coûts énergétiques élevés et cela sans aucun lien avec leur statut de conventionnement. Le raisonnement selon lequel les kinésithérapeutes non-conventionnés peuvent répercuter l’augmentation des coûts sur leurs patients est incorrect", argumente le président d’AXXON dans un courrier adressé au président de la Convention de l’Inami.
Seulement 20% de logopèdes recevront 1 570€
Du côté des logopèdes, on trouve cette prime "un peu honteuse et très discriminatoire". "Toutes nos prestations ne sont pas remboursées car certaines pathologies pour lesquelles nous intervenons comme l’autisme, la trisomie, les AVC d’origine vasculaire ne donnent pas accès à un remboursement, explique Nathalie Saczuk, présidente de l’Union professionnelle des logopèdes francophones (UPLF). Ils veulent lier cette prime au statut social qui nous est octroyé en fonction des attestations que nous rentrons auprès des mutuelles. Vu que les logopèdes ne rentrent pas d’attestations pour toutes leurs prestations, ils sont forcément un peu lésés. La plupart des logopèdes indépendants n’ont pas ce statut social puisqu’ils ne rentrent pas suffisamment d’attestations".
Autre condition pour décrocher la prime "logo" de 1570€, être conventionné. En 2022, seulement 40% des logopèdes l’étaient. "On estime que seulement 20% d’entre eux pourront recevoir la prime".
Celle-ci ne va pas inciter les logopèdes à se conventionner, affirme Nathalie Saczuk "car les 1 570 € annuels peuvent très vite être récupérés si l’on fixe soi-même ses honoraires… Que du contraire ! Je pense que les conditions imposées pour toucher cette prime vont fâcher encore un peu plus la profession".
Pendant 20 ans, le taux de conventionnement chez les logopèdes a été de 90%. "La moitié s’est déconventionnée l’an dernier pour protester. Cette prime comme l’obligation pour les praticiens non-conventionnés de pratiquer le tarif Inami pour les BIM… n’incitent pas les logopèdes à adhérer à la convention. Si on le fait, c’est pour travailler dans un bon cadre, avec des honoraires corrects,… ".