Falcon Lake [CRITIQUE] - Les beaux fantômes de l’adolescence
Un lac québécois sert de décor à un récit d’éveil adolescent à l’ambiance de film de genre.
Publié le 27-12-2022 à 12h13 - Mis à jour le 27-12-2022 à 12h14
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L’été vient de commencer, Bastien, jeune Français de treize ans, arrive dans la région des Laurentides, au Québec, pour des vacances avec ses parents dans un chalet au bord d’un lac. Il retombe sur Chloé, la fille d’amis de la famille et originaires de l’endroit. De deux ans son aînée, elle dégage une aura qui séduit directement Bastien.
Les deux ados passent donc leurs journées ensemble. Chloé fait découvrir le coin à son admirateur, l’initie aux fêtes entre amis. Et elle lui raconte aussi la légende du fantôme du lac…
Sur papier, Falcon Lake (adaptation d’ Une sœur, le roman graphique de Bastien Vivès) fait penser à ces films d’initiation adolescente comme on en voit régulièrement. C’est effectivement la trame générale. Un petit gars tombe sous le charme d’une fille "trop bien pour lui". Il est intimidé, ne sait pas comment lui parler, veut paraître cool.
Mais le premier film de Charlotte Le Bon (ancienne miss météo de Canal + devenue actrice) est loin de se limiter à cela. La Québécoise, qui filme l’endroit où elle a grandi, a insufflé une vraie personnalité à son récit. Bastien et Chloé, c’est un peu la Charlotte adolescente. Et c’est aussi un peu nous, forcément. En utilisant ses souvenirs, dans des lieux qu’elle connaît bien, la réalisatrice donne une authenticité à son récit.
Des souvenirs qui remontent
On oublie donc les scènes clichées qu’on voit partout pour aller se promener du côté de sensations qu’on croyait oubliées. Des moments en apparence anodins mais qui tissent les contours de cette période particulière de la vie.
Cet éveil adolescent surprend notamment par les choix de mise en scène. La découverte de la sexualité est ainsi filmée dans toute sa maladresse et son côté cocasse, mais toujours avec pudeur. En bonus, la jeune fille n’est jamais réduite à un objet…
Attendez, ce n’est pas tout. L’originalité et la portée universelle de Falcon Lake ne sont pas ses seules qualités. Car la réalisatrice tire avantageusement parti des paysages de cette région de vastes forêts entourées de petites montagnes arrondies. Le calme de ces grands espaces naturels répond au sentiment de solitude des deux personnages. Les forêts, tantôt illuminées tantôt sombres, sont parfaites pour donner corps à la légende de fantôme qui berce le récit.
Falcon Lake emprunte donc au film de genre. Il se teinte d’éléments fantastiques, de quelques frissons même, offrant de belles images qui achèvent ce tableau beau et mélancolique de l’adolescence.
Comédie dramatique de Charlotte Le Bon. Avec Joseph Engel et Sara Montpetit. Durée: 1 h 40.