I Wanna Dance With Somebody [CRITIQUE] - Whitney Houston, héroïne d’un karaoké édulcoré
La vie de Whitney Houston a été marquée par la gloire et une chute vertigineuse. Oubliée par certains, manifestement.
Publié le 20-12-2022 à 17h00
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La Voix. Ni plus ni moins. Avec son timbre unique et ses chansons taillées pour être des tubes, Whitney Houston a mis le monde entier à ses pieds de la fin des années 80 jusqu’aux années 2000.
Première artiste féminine de l’histoire à obtenir quatre singles n° 1 issus du même album au Billboard Hot 100, la "petite fiancée de l’Amérique" a aussi connu la rançon de la gloire. Addiction aux drogues, relations houleuses avec son mari Bobby Brown, dettes faramineuses et mort tragique à 48 ans seulement, elle a fini par être plus souvent à la une des tabloïds qu’au sommet des hit-parades.
Whitney Houston cochait donc toutes les cases pour avoir droit au biopic. D’autant plus quand on voit le succès qu’a connu Bohemian Rhapsody, consacré à Freddie Mercury, un autre destin hors norme. C’est d’ailleurs le même bonhomme qui a signé les deux scénarios. I Wanna Dance With Somebody (c’est fait, vous l’avez en tête) partage de fait certaines caractéristiques avec son prédécesseur. Et pas les meilleures, malheureusement…
Un récit Wikipedia
Car ce biopic n’est rien d’autre qu’un karaoké sur grand écran. On nous sert tous les tubes de Whitney, souvent en intégralité. Ce n’est pas un souci, surtout si on est client de sa musique. Par contre, c’est nettement plus problématique quand c’est fait au détriment de tout le reste.
On passe sur l’absence de mise en scène. Un moindre mal quand on se penche sur le scénario. Il n’y a aucun angle, le récit se contentant de suivre bêtement la page Wikipedia de l’artiste. Et encore… en survolant et en fermant les yeux sur les moments les plus sombres de la vie de la chanteuse.
Ses problèmes de drogue sont ainsi rapidement mentionnés, donnant l’impression que l’affaire a été réglée avec trois jus de carotte-concombre-kale en cure détox. Malaise.
I Wanna Dance With Somebody (on relance le juke-box, c’est cadeau) en devient même frustrant, abordant sans vraiment y toucher les aspects les plus intéressants de la personnalité de Whitney Houston. On parle par exemple très peu de ses relations avec son père, de l’influence de sa mère, de la violence de son cher époux ou du fait qu’on lui reprochait de trop se vendre au public blanc.
C’est creux, donc, superficiel, dénué d’émotion et plat malgré les larges plages musicales qui tentent de relancer le bazar. On ne voulait pas forcément du glauque, mais là on a vraiment affaire à une hagiographie inutilement longue qu’on a hâte de voir se terminer. Un comble.
Biopic de Kasi Lemmons. Avec Naomi Ackie et Stanley Tucci. Durée: 2 h 26.