Gérard Jugnot : « ‘‘Le Petit Piaf’’, c’est un lointain cousin des ‘‘Choristes’’ »
L’ex-Bronzé qui fait chanter des enfants dans un film, ça a un air de déjà-vu, 18 ans après " Les Choristes ". Sauf que " Le Petit Piaf ", qui sort mercredi, se passe au soleil de la Réunion. Interview.
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Publié le 19-12-2022 à 19h30
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En 2016, à l’occasion de la sortie d’ Une époque formidable, un livre biographique dans lequel il racontait le succès des Bronzés, Gérard Jugnot l’avait promis: "Maintenant, je vais pouvoir vivre un peu ". Il faut croire que "vivre", pour lui, signifie "travailler" puisque six ans plus tard, il a joué dans cinq films supplémentaires et réalisé deux longs-métrages, dont Le Petit Piaf, qui sort ce mercredi et dans lequel… il fait chanter un enfant. Un air de déjà-vu, 18 après Les Choristes, sauf que la trame – un gamin doué demande à un chanteur sur le déclin (Marc Lavoine) de le coacher – se déroule au soleil de la Réunion. Rencontre.
Gérard Jugnot, de quoi vouliez-vous parler avec cette 12e réalisation ? Comme souvent, il est question de transmission…
Et pourtant, je ne l’ai pas écrit, il était destiné à un autre metteur en scène, quand le film devait se dérouler en Afrique. Mais il faut croire que certains thèmes m’ont parlé intimement. La transmission, bien sûr, avec ce gamin dans lequel je peux facilement me projeter: moi aussi, à son âge, j’avais des rêves. Mais lui se trouve dans un milieu moins favorisé, si bien que cette rencontre avec ce chanteur déclassé sera un coup de pouce décisif… Et puis, il y a la musique, dont j’ai découvert ou redécouvert la force. Ce film, c’est un lointain cousin des Choristes.
La Réunion joue un rôle essentiel, dans le film: ce n’est pas qu’un décor…
Non, et je voulais éviter de donner au film un aspect angélique, de lui conférer un « côté Joselito » un peu hors sol. Certes, c’est une fable, et elle ne commence pas pour rien par « Il était une fois à la Réunion… ». Mais le monde est dur autour de ce gamin: la Réunion est un pays magnifique, où règne toutefois aussi une vraie pauvreté, malgré les apports indéniables de la République. Je n’ai pas fait un film politique, mais je voulais conserver cette vérité-là également.
Et puis, Soan Arhimann, vainqueur de « The Voice Kids » en 2019, est réunionnais: c’était le petit « plus » du casting ?
Oui, et son père apparaît aussi dans le film. Par contre, ce qui n’était pas prévu, c’est que Marc Lavoine deviendrait coach sur The Voice. Or, dans Le Petit Piaf, il coache aussi le personnage joué par Soane. Je craignais un peu qu’on pense qu’il s’agit d’une publicité déguisée, d’un film sponsorisé… alors que TF1 l’a refusé par ailleurs (il rit)!
Le personnage incarné par Marc Lavoine fait écho à beaucoup de chanteurs de variétés oubliés. Faire la chanson ou le film de trop, ça fait peur à tout artiste ?
On aime, bien sûr, qu’on nous parle de nos succès. Moi, c’est Le Père Noël est une ordure ou Les Bronzés. Et le personnage de Marc, c’est un tube, le seul qu’il ait écrit et chanté. Ce sont des succès qui peuvent écraser. Et dont, paradoxalement, on peut ne jamais se relever. Moi, j’avais envie, comme souvent dans mes films, de l’aider à retrouver son énergie vitale, cette envie d’avoir envie…
Vous avez encore envie aussi: encore une fois, vous jouez en plus de réaliser. Ce n’est jamais trop lourd ?
Non, et finalement, je me rends compte que je suis davantage fatigué les jours où je ne fais que réaliser: faire le couillon devant la caméra quand tout est en place, ça je sais faire, c’est facile, ça… me détend.
En 2016, vous nous confiiez vouloir « vivre ». Mais pour vous, ça signifie continuer de tourner, alors ?
On parle beaucoup de retraite dans la société d’aujourd’hui. Mais pour moi, la retraite, c’est un terme militaire, c’est la débâcle, la campagne de Russie (il rit)! Alors, je fais gaffe, parce qu’à mon âge (NDLR: 71 ans), on doit aussi se reposer. Mais tant que la santé est là, je continue, car j’adore ce métier.
Ce qui est amusant, c’est que toutes les générations vous connaissent: les uns pour les « Bronzés », d’autres pour « Les Choristes »…
… et les plus jeunes pour Babysitting et les films de la Bande à Fifi auxquels j’ai participé. C’est une chance que n’ont pas beaucoup d’acteurs de mon âge.
« Le Petit Piaf », comédie musicale de Gérard Jugnot. Sortie le 21/12.