Dupuis, un siècle en une expo

En 2022, Dupuis fête son centenaire. Et y met les formes puisque la maison d’édition marcinelloise investit dès aujourd’hui et jusqu’à fin juillet, le tout nouveau Musée des Beaux-Arts de Charleroi. Une exposition exhaustive, participative et grand public à la fois.

 Une grande bibliothèque avec, en son centre, un coin lecture ont été aménagés au centre de l’exposition.
Une grande bibliothèque avec, en son centre, un coin lecture ont été aménagés au centre de l’exposition. ©Dupuis

Signe des temps (qui changent): c’est sur une exposition consacrée à la bande dessinée qu’a été rouvert et inauguré ce vendredi le tout nouveau Musée des Beaux-Arts de Charleroi, déplacé dans le haut de la ville, juste à côté de la Tour Bleue de la Zone de police de la Ville. Et à qui d’autre que la maison Dupuis, emblème régional de l’édition depuis son berceau marcinellois depuis maintenant un siècle, pouvait revenir cet honneur ?

 L’officielle ouverture du Musée des Beaux-Arts aura lieu ce samedi 17 décembre.
L’officielle ouverture du Musée des Beaux-Arts aura lieu ce samedi 17 décembre. ©Dupuis
Dupuis, un siècle en une expo
©Dupuis

"C’est une grande responsabilité… et ça fiche un peu la trouille", reconnaît, avec son sourire d’adolescent attardé, Morgan Di Salvia, rédacteur en chef du journal Spirou depuis trois ans et demi, posté à l’entrée d’un événement qui s’étire sur plus de 400 mètres carrés et dont la préparation aura nécessité deux ans de travail à ses commissaires – Di Salvia, mais aussi Thierry Tinlot, lui-même ex-rédac chef de Spirou, et Benoit Frippiat. Disons-le tout de go: cette expo inaugurale, baptisée La fabrique des héros, est une vraie réussite, tant elle réunit tous les ingrédients pour plaire, et aux profanes, et aux bédéphiles les plus avertis.

Avant de basculer dans une salle principale dont le style industriel rappelle, à dessein, le passé de la cité carolo, le visiteur se verra d’abord offrir un petit rappel historique dans le saint des saints: le bureau de la famille Dupuis, à commencer par le patriarche Jean.

La première presse de Jean Dupuis

On y retrouve d’ailleurs la véritable presse Kobold utilisé, à ses débuts, par ce petit imprimeur local qui destinait d’abord ses talents aux pharmacies, qu’il fournissait en papier sulfurisé, avant de se reconvertir dans l’édition. Y est aussi présentée sa "garde rapprochée", ses enfants notamment, mais aussi Yvan Delporte, Jean Doisy, Georges Troisfontaines ou encore Joseph Gillain, alias Jijé, mentor de la génération Franquin et dont le Don Bosco, dont une planche est ici exposée, fut le premier best-seller de la maison.

 Une exposition qui allie l’humour à la pédagogie.
Une exposition qui allie l’humour à la pédagogie. ©Dupuis

Le clou du spectacle est toutefois ailleurs: dans cette immense salle aux allures de parc d’attractions miniatures, immersive et interactive. Il y a bien sûr, là, des planches originales des classiques – Natacha, Les Tuniques Bleues, Les Schtroumpfs, Jerry Spring, etc. – "mais une exposition avec uniquement des planches originales m’aurait profondément ennuyé", lance Morgan Di Salvia. Sa Fabrique des héros, lui et ses co-commissaires l’ont donc voulue la plus vivante possible. Ils ont donc (logiquement) commencé par poser, en son centre, une immense bibliothèque dans laquelle les visiteurs pourront puiser, avant de se diriger vers un espace lecture qu’ils pourront investir sans limite de temps.

Avant cette pause lecture, ils auront pu découvrir les secrets de fabrication d’une bande dessinée, que l’on se place du côté du scénariste, du dessinateur ou du coloriste. En prenant place dans le vrai fauteuil de travail du regretté Raoul Cauvin, dont la légende dit que c’est dans cette position qu’il trouvait ses meilleures idées, ou en consultant deux tables interactives à travers lesquelles Janry ( Le Petit Spirou), Alessandro Barbucci ( Les sœurs Grémillet) et Justine Cunha ( Dans les yeux de Lya) confient leurs méthodes, trucs et astuces.

 Un véritable «gaffophone» accueille les visiteurs à l’entrée de l’exposition.
Un véritable «gaffophone» accueille les visiteurs à l’entrée de l’exposition. ©Dupuis

Avant, pour les plus âgés, de se diriger vers un coin "coquin", où sont divulgués, à travers quelques trous de serrure, certains des dessins qui firent, un jour, scandale, et parmi eux une couverture de Natacha ou la première femme nue apparue, de dos, dans un Bidouille et Violette de Bernard Yslaire.

Des envies d’encore

Ou vers le "Spirouverse", un espace venu rappeler l’itinéraire pas comme les autres du groom commandé en son temps par Robert Velter, alias Rob Vel, et qui devint rapidement la tête de gondole d’éditions Dupuis qui n’entendent pas en rester là, promet Morgan Di Salvia: "En plus de me prendre du temps, cette expo m’a donné du sens. Redécouvrir toutes les merveilles et les choses géniales qui ont été faites ici donne envie d’en faire davantage encore."

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