Prêts hypothécaires sociaux : pour emprunter sans passer pa r une banque, il faut être patient
Lionel est propriétaire, mais ses démarches auprès de la société de crédit lui ont semblé longues. Réponse de la SWCS.
Publié le 09-12-2022 à 04h00
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En 2021, la société wallonne de crédit social (SWCS) a octroyé 2 689 prêts, pour un montant total de 436 497 125€. Parmi eux, Lionel Pierrard, 30 ans.
Lionel et sa compagne ont contacté la société wallonne de crédit social (SWCS) en pleine période Covid. Et cela a été plus compliqué qu’il le pensait. "On a eu une 1re déconvenue: début décembre 2020, la société wallonne du crédit social nous annonce qu’elle ne prend plus aucun dossier. Or, on avait déjà signalé en amont que c’était assez urgent parce que les anciens propriétaires avaient acheté une autre maison. Pour qu’ils bénéficient des frais d’enregistrements bas, il fallait que ça aille vite. Mais on nous a répondu: “ on ne peut rien faire, contactez-nous en janvier.”"
Beaucoup de lenteur
En janvier, les démarches administratives s’enchaînent: prêt, notaire, etc. "Au total, ça a pris quatre semaines. Parce qu’à chaque fois qu’on remet un document, comme une fiche de salaire, ça doit passer au comité de crédit. Et à chaque fois, c’était refusé pour des bêtises: un problème de date, ou une fiche de salaire non valable parce que ma compagne, enseignante, est en CDD. Au final, alors que l’on pensait boucler le dossier en décembre, la signature a eu lieu chez le notaire le 12 avril 2021."
Dans l’intervalle, le couple a peur de "perdre la maison" car les vendeurs étaient pressés. "Heureusement, on était chez le même notaire qu’eux, qui a centralisé tout, et a temporisé, le temps que le prêt passe."
Le dossier n’était pourtant complexe, selon Lionel. "C’est surtout un problème de communication. Pour l’ouverture du dossier, c’était simple, mais après, une fois que le dossier devait être approuvé, c’était très difficile de les joindre. Il y a un comité de crédit tous les vendredis, et à chaque refus, pour une raison X ou Y, on est reporté de semaine en semaine."
Moins cher que la banque ?
Pour Nathalie Ombelets, directrice générale de la SWCS, les lenteurs de Lionel peuvent être justifiées. "La SWCS accorde des crédits hypothécaires à des personnes qui n’accèdent généralement pas aux crédits bancaires. Cela signifie que leur situation économique est moins évidente que celle des clients classiques des banques. Cela nous impose de vérifier la capacité de rembourser… Car si la personne se retrouve en incapacité de payement, ce sont des situations compliquées de vente forcée, et des années de problèmes. Pour une enseignante en CDD, cela demande vérification. Mais cela fait partie des professions qui, même à durée déterminée, trouveront un emploi. C’est pourquoi le prêt a été accordé." Elle rappelle qu’une banque qui accorde un crédit gagne de l’argent, tandis que la société de crédit social coûte de l’argent public… d’où l’importance de tout vérifier.
Selon Mme Ombelets, la moyenne d’octroi d’un prêt social est de trois mois. "En partie à cause de notre expertise, plus lourde que celle d’une banque: il ne s’agit pas seulement d’évaluer la maison au niveau du prix. C’est aussi une expertise technique, avec des conseils de rénovation, allant parfois jusqu’à imposer des travaux pour que la maison soit salubre."
Attention, les taux des crédits sociaux ne sont pas toujours plus intéressants que ceux des banques. "En 2022, nos taux étaient inférieurs au secteur bancaire, mais il y a des années où le taux était supérieur, reconnaît Mme Ombelets. C’est logique, car nous empruntons 200 millions dans banques pour financer ces travaux."
Quant au crédit, reporté à janvier faute de fonds disponible, ça arrive. Mais pour 2020, ça surprend la directrice "parce qu’on n’a pas trop dépassé le budget de 410 millions. Mais la SWCS travaille à travers de 20 guichets en Wallonie. Et peut-être que ce partenaire particulier était arrivé à la fin de son budget."
Suite des aventures de lionel :après l’achat, un emprunt à 0% pour les travaux
Lionel a ensuite entamé des travaux de rénovation. Mais en se perdant un peu dans les possibilités sur la table.
"Pour obtenir un prêt à zéro pourcent, on devait faire réaliser un audit. Et ça aussi, ça a pris beaucoup de temps: environ trois mois. On a droit à 300 € en retour de cet audit, mais on n’a toujours rien reçu actuellement. "
Mais surtout, en cours de processus, Lionel découvre que ce prêt ne peut pas être alloué à ce qu’il pensait: "On voulait monter à 60 000 € pour changer notre vieille chaudière à brûleur de 25 ans et installer des panneaux photovoltaïques. Mais il n’y a plus de prime pour les panneaux Mais la chaudière n’a pas pu être inclue parce qu’elle se trouve dans le garage et que le PEB (NDLR Performance énergétique des bâtiments) est mauvais. Or, c’est ce qui nous aurait fait gagner le plus d’argent."
Le jeune propriétaire ne voit pas encore le bout du tunnel pour ses travaux: "On a recommencé toutes les démarches pour les châssis et la toiture. Tout se fait en ligne, donc c’est assez rapide. Mais pour la libération de fonds, ça coince depuis un mois, parce qu’un devis n’était pas validé, puis qu’il y a un problème de dates sur un papier – alors qu’il s’agissait juste de libérer 6 000 € d’acompte. Et comme les différentes demandes que nous faisons ne reçoivent réponse que par la voie postale, cela reporte quasiment chaque fois de sept jours."
Le crédit 0%, un vrai zéro
Le problème de Lionel, c’est qu’il y a plusieurs sortes de crédits à zéro pourcent (voir ci-contre). En se lançant dans un crédit avec audit, il excluait de facto les panneaux photovoltaïques, qui font partie d’un autre type de crédit, sans audit et sans prime.
Mais pour Nathalie Ombelets, ce n’est pas plus mal. "Je peux comprendre la grogne de Lionel. Mais au moins, grâce à l’audit, ce monsieur commence par les travaux qui sont prioritaires au niveau énergétique. S’il avait commencé par les panneaux photovoltaïques, il aurait gagné de l’argent à court terme, sur la facture d’électricité, mais tout en continuant à avoir une maison mal isolée. Un investissement énergétique, on le fait pour soi, mais aussi pour la planète. Et l’audit est aussi là pour conseiller de ne pas placer la nouvelle chaudière au mauvais endroit…" C’est un peu dans cette optique que quand le crédit 0% pour les panneaux photovoltaïques a été mis en place, il s’est assorti de l’obligation d’une photo du toit. Car devoir les démonter pour réparer un toit pourri, un an après, cela n’a aucun intérêt.
Par contre, la directrice reconnaît que le citoyen qui cherche des informations sur le site de la SWCS peut se perdre dans les subtilités des différentes formules, et rassure: "Nous allons changer le site l’an prochain."
Ce taux de 0% est-il un vrai zéro pourcent ? "Oui, le TAEG est aussi de 0%. Le taux annuel effectif global correspond à la totalité des frais liés au crédit, en plus de la somme que vous avez empruntée. Chez nous, il n’y a pas de frais de dossier. "