Sarko écouté : « micro » affaire, maxi dossier
L’ancien président français est jugé en appel après avoir été condamné une première fois dans l’affaire dite " des écoutes ", qui n’est pas sa seule casserole judiciaire.
Publié le 05-12-2022 à 19h23 - Mis à jour le 05-12-2022 à 19h24
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Corruption et trafic d’influence. Ce premier mars 2021, l’ancien président français Nicolas Sarkozy écopait d’une peine historique: deux ans de prison avec sursis et un an ferme (applicable sous bracelet électronique), tout comme son avocat Thierry Herzog et le haut magistrat Gilbert Azibert.
Ce jugement était historique car jamais une telle peine n’avait été prononcée à l’encontre d’un ancien président français (lire ci-dessous). C’est aussi loin d’être symbolique, car l’affaire dite "des écoutes", pour laquelle sont re-jugés M. Sarkozy et ses comparses ces jours-ci, est intimement liée à un autre dossier, autrement plus grave, à savoir un possible financement libyen (pays à l’époque dirigé par le dictateur Mouammar Khadafi) de la campagne victorieuse de Sarkozy en 2007.
C’est en effet dans le cadre de cette affaire-là, pour laquelle il est mis en examen pour association de malfaiteurs depuis 2020, que Nicolas Sarkozy a été mis sur écoute jusqu’en 2014.
« Paul Bismuth »
Alors qu’il s’était retiré de la politique après son échec au second tour de la présidentielle de 2012 face à François Hollande, Nicolas Sarkozy a visiblement cherché à savoir, avec l’aide de son avocat Thierry Herzog, à quelle sauce judiciaire il risquait être mangé, moyennant les informations d’un haut magistrat à la Cour de Cassation, le fameux Gilbert Azibert. Ce dernier lorgnait, en échange de ses bons et loyaux services, un poste du côté de Monaco.
Afin de converser plus tranquillement (croyait-il), avec son avocat, Nicolas Sarkozy est allé jusqu’à utiliser une ligne téléphonique (ouverte par Thierry Herzog) sous un faux nom, Paul Bismuth (d’où le surnom de l’affaire). Enfin, un faux nom… Paul Bismuth est un ancien camarade de lycée de Thierry Herzog - il s’était même porté partie civile en première instance en 2021 avant de se rétracter. À l’issue de ce premier procès, la présidente de la 32ième chambre correctionnelle, Christine Mée avait étrillé Sarkozy. "Il s’est servi de son statut d’ancien Président de la République et des relations politiques et diplomatiques qu’il a tissées alors qu’il était en exercice pour gratifier un magistrat ayant servi son intérêt personnel".
"Les mots sont forts, corruption, trafic d’influence. Je suis ancien président de la République, je n’ai jamais corrompu qui que ce soit et admettons que c’est une corruption étrange, sans argent, pas un centime pour personne, sans avantage, pas un avantage pour personne et sans victime, puisque personne n’a été lésé", s’est défendu à la barre, ce lundi, Nicolas Sarkozy.
Les bandes diffusées
Alors que les 21 écoutes n’avaient pas été diffusées en première instance, celles-ci seront entendues cette fois-ci. "Je m’expliquerai sur chacune des écoutes" a promis l’ancien président, qui en conteste toujours la légalité. "Quand on est innocent, on est indigné. Je viens ici défendre mon honneur qui a été bafoué dans des conditions invraisemblables. Je viens convaincre la Cour que je n’ai rien fait."
Il n’est pas dit que la Cour blanchisse l’ancien président. Ce pourrait même être pire. Le Parquet National Financier (PNF), qui a enquêté et instruit l’affaire, ayant lui aussi fait appel, la peine pourrait tout aussi bien être alourdie à l’issue de ce second round judiciaire. En attendant un inévitable pourvoi en cassation ?