Procès des attentats de Bruxelles : Abrini s’énerve et menace de ne répondre à aucune question
L’accusé Mohamed Abrini s’est exprimé ce lundi 5 décembre 2022 au procès des attentats de Bruxelles du 22 mars 2016 pour dénoncer les conditions de son transfert de la prison de Haren au Justitia. “On vous humilie, on vous met à nu, vous avez un bandeau sur les yeux et de la musique satanique à fond dans les oreilles”, a-t-il fustigé, disant “avoir le sang qui bouillonne”.
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Publié le 05-12-2022 à 12h28 - Mis à jour le 05-12-2022 à 13h08
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Lundi, peu après 12h00, l’accusé Mohamed Abrini a demandé à prendre la parole, lors du premier jour du procès des attentats de Bruxelles, pour évoquer “un sujet hautement préoccupant”, a-t-il dit. Il a précisé “avoir le sang qui bouillonne”. “Lorsque j’entends qu’il n’y a pas de vengeance dans votre état, ça ne passe pas”, a-t-il ajouté, parlant des “conditions de transfert pour nous amener ici”. “On vous humilie, on vous met à nu, vous avez un bandeau sur les yeux et de la musique satanique à fond dans les oreilles”, a-t-il fustigé.
”Si nous devons encore subir de pareilles humiliations, je ne répondrai à aucune question”, a averti l’accusé. “Je prends sur moi pour être là, mais ce sont des choses qui ne se font pas. Ce n’est pas normal, Madame la présidente. En France [au procès des attentats à Paris, NDLR], on a été respecté. Les conditions de transfert étaient difficiles, mais ici les choses doivent changer.”
La présidente a indiqué que les compétences de transfert des accusés n’étaient pas du ressort de la cour. “Ce n’est pas de notre compétence non plus”, a rétorqué le procureur général. “J’imagine que ces mesures répondent à un degré de dangerosité “des accusés. “Ces conditions de transferts répondent à des impératifs, elles ont été décidées sur base d'évaluations administratives, en tenant compte de la sécurité des détenus, de leurs proches (c'est-à-dire de leurs avocats) et de la police elle-même", a expliqué le procureur Bernard Michel. Il a assuré à Mohamed Abrini que ses doléances seraient relayées.
Me Jonathan De Taye, l'avocat de l'un des autres accusés, Ali El Haddad Asufi, a embrayé pour expliquer la problématique des transferts des détenus. "Tous les matins, on les met à poil, dans une salle, avec trois policiers, et l'un d'eux se penche pour mener une expertise de l'anus de mon client. Que va-t-il en sortir? Un revolver? Ces accusés vont-ils accepter qu'on fouille leur anus tous les jours? Si la détention n'est pas digne, c'est que le procès n'est pas digne! Les ministres de l'Intérieur et de la Justice vont être mis en demeure aujourd'hui."
S'ils ne réagissent pas, Jonathan De Taye introduira un référé et demandera à suspendre les débats dans l'intervalle. Il est enfin apparu qu'une lettre écrite notamment par Me Paci, l'avocate de Salah Abdeslam, a été adressée au parquet ainsi qu'aux ministres de l'Intérieur et de la Justice pour demander une amélioration des conditions de détention des accusés.
Me Delphine Paci, qui défend donc Salah Abdeslam, a rappelé que chacun avait envie que ce procès ait lieu dans de bonnes conditions. "Si les violations répétées de traitement dégradant qu'ils subissent" se poursuivent, "elles vont porter atteinte au procès..."