Comment la France anticipe ses futures coupures d’électricité
Le pays compte notamment sur l’Allemagne pour importer son électricité. Mais son voisin est aussi dans une situation précaire.
Publié le 01-12-2022 à 19h17 - Mis à jour le 01-12-2022 à 19h18
:focal(544.5x371.5:554.5x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/YXWR34LCH5FMZEH4XYQ5RJQXEI.jpg)
La Première ministre française Elisabeth Borne ne l’avait pas caché devant le sénat le 12 octobre dernier : la situation énergétique de la France s’annonce précaire cet hiver, alors que la guerre en Ukraine fait rage et que le parc nucléaire français est "dans une situation d’indisponibilité exceptionnelle", dixit Madame Borne, qui a bien dû admettre cette semaine - sans qu’il soit question de panne généralisée - que le pays n’était pas à l’abri de courtes coupures d’électricité dans les semaines à venir.
Danger en janvier
Bien que l’annonce de potentiels délestages tournants (coupures de courant temporaires, réparties sur le territoire) ait été formulée à l’issue du dernier Conseil des ministres cette semaine, l’alerte avait déjà été donnée par le gestionnaire de réseau de transport électrique français (RTE) mi-novembre. "Lorsque le système électrique est très tendu, le risque de coupure ne peut pas être totalement exclu mais il pourrait être évité en baissant la consommation nationale de 1 à 5% dans la majorité des cas, et jusqu’à 15% dans les situations météorologiques les plus extrêmes", écrivait ainsi le gestionnaire, qui pointe le mois de janvier comme le plus à risque en matière de délestages.
Toutefois, rassure-t-on du côté de la communication de la Première ministre française, il n’y aurait aucun risque "de black-out, c’est-à-dire de perte totale de contrôle du système électrique", RTE affirmant "qu’en aucun cas la France ne devrait faire face à un tel scénario".
Une application pour anticiper
Pour tenter d’anticiper au mieux, voire éviter les coupures éventuelles (en cas de pics de froid prolongé), le gouvernement français mise (presque) tout sur une application (Ecowatt), censée informer les citoyens en temps réel sur l’état du réseau électrique.
La fameuse sobriété évoquée par Madame Borne n’a pas été oubliée dans l’équation : l’application "vise à inciter les entreprises et les particuliers à limiter leur consommation, surtout lors des heures de pointe, entre 8h et 13h puis entre 18h et 20h, périodes pendant lesquelles le réseau est sous tension", détaille RTE, qui a développé Ecowatt et estime que cette limitation de la consommation serait le seul moyen d’éviter les délestages. En attendant, une circulaire a été transmise aux préfectures françaises ce mercredi, dans la foulée du Conseil des ministres, laquelle stipule que même en cas de délestages (notamment en janvier), ni les hôpitaux, ni les commissariats, ne devraient être touchés.
L’ami allemand
Mais dans tous les cas, la France va devoir importer son électricité, et pas qu’un peu. Pour cela elle compte sur son partenaire allemand, qui pour sa part a besoin de gaz. Cela tombe bien, la France devrait être "en mesure d’exporter du gaz, notamment vers l’Allemagne, tout au long de l’hiver, et nos voisins nous livreront en retour l’électricité dont nous aurons besoin", a expliqué Elisabeth Borne en octobre dernier, devant le sénat.
Reste que la situation énergétique allemande est, elle aussi, précaire : chacun (particulier comme entreprise) est invité à faire dans la sobriété cet hiver (pas plus de 19 degrés dans les bâtiments publics, rues éteintes après une certaine heure, etc.). Et, si le gouvernement allemand exclut lui aussi tout risque de black-out généralisé cet hiver, des délestages sont en revanche possibles, sinon probables, a-t-il estimé.