Blake et Mortimer (T.29) - Ils ne vont pas dans le Mur
C’est l’événement BD du moment: la sortie d’un nouveau " Blake et Mortimer ", situé en pleine guerre froide, et dans une veine – le récit d’espionnage – peu explorée jadis par Jacobs.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/7fbffb32-3039-4295-8841-8b4effb679de.png)
- Publié le 30-11-2022 à 18h00
:focal(466x202:476x192)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/V3XSCRZXGJDXJIBRR7QYQWXIKY.jpg)
C’est, un peu, le paradoxe de Blake et Mortimer, série mythique s’il en est: il existe, au sein des éditions Blake et Mortimer (propriété du groupe Dargaud), une sorte de "comité éthique" chargé de faire respecter l’héritage d’Edgar P. Jacobs… alors que ce dernier n’a publié, de son vivant, que 11 albums (12, si on lui attribue la deuxième partie des Trois formules du professeur Sato), et alors que sort ce vendredi le 19e titre imaginé depuis sa mort, Huit heures à Berlin.
Il faut dire que l’éditeur, bien décidé à battre le fer tant qu’il n’est pas encore trop froid, fait œuvrer plusieurs "équipes" de front pour garantir au lecteur son Blake et Mortimer annuel, et tant pis si les périodes historiques explorées par les uns et les autres ne se recoupent guère.
Jean-Luc Fromental et José-Louis Bocquet, aux manettes de ce tome 39 côté scénario, placent d’ailleurs son intrigue dans un contexte peu exploité par Jacobs lui-même, si l’on excepte S.O.S. Météores (1959), à savoir la guerre froide. Nous sommes à Berlin, en 1963, et un homme est abattu alors qu’il tente de franchir le Mur. Quelques jours plus tard, des archéologues exhument, dans l’Oural, sept cadavres dont la peau a été arrachée. Pour le professeur Mortimer, la chose est bientôt certaine: ces méfaits portent la marque de Julius Kranz, un neurochirurgien mystérieux… dont il pourrait être la prochaine victime.
Des éléments – et parmi eux le vilain Olrik, bien sûr de la "partie" – qu’assurément, Jacobs n’aurait pas reniés. Et que le duo Fromental-Bocquet mixe avec ses références en matière de roman d’espionnage: "L’éditeur savait, sourit Fromental, qui connaît parfaitement la guerre froide pour l’avoir abordée avec Miles Hyman dans Le coup de Prague, que nous sommes des lecteurs voraces des maîtres du genre que sont John Le Carré, Ian Fleming ou Graham Greene. Blake et Mortimer sont nos Barbie de petits garçons." "Peut-être, interroge Bocquet, avons-nous cherché à mélanger le Jules Verne de notre enfance avec le John Le Carré de notre adolescence ? "
Antoine Aubin : sept ans à dessiner
Ils y sont même parvenus de façon remarquable, appuyés – et ce n’est jamais un détail avec les reprises de Blake et Mortimer – d’un orfèvre au dessin. C’est, en effet, Antoine Aubin, déjà "responsable" de deux albums (le deuxième tome de La malédiction des trente deniers et L’onde Septimus), qui s’est occupé de la partition graphique. Une tâche qui lui aura pris… sept ans de sa vie. Et qui est, de ce seul point de vue, assez grandiose de maîtrise. Si ce cru est exceptionnel, c’est aussi grâce à lui.
« Huit heures à Berlin », Bocquet/Fromental/Aubin, Éditions Blake et Mortimer, 64 p., 16.50 €.