Le « labyrinthe » des victimes des attentats
Victimes des attentats : le gouvernement a boulotté, disent les ministres. Les victimes sont perdues dans le labyrinthe administratif, estime l’opposition.
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- Publié le 18-10-2022 à 14h33
- Mis à jour le 18-10-2022 à 17h15
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L’avantage du procès des attentats de Bruxelles qui se profile, c’est qu’il remet la cause des victimes parmi les préoccupations des parlementaires et des ministres fédéraux. Ce mardi, la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, et son collègue de la Santé, Frank Vandebroucke, ont été entendus en commission.
Parmi les députés qui se sont exprimés, Catherine Fonck (Engagés) résume la détresse des victimes face à la complexité du système. "Il y a un fossé entre les propos que vous tenez ici et ce que les victimes disent, re-disent et re-re-redisent depuis 6 ans," s’exaspère-t-elle face aux deux ministres.
Le projet de loi du gouvernement sur l’indemnisation des victimes, Catherine Fonck estime - au même titre que les associations de victimes, que "ce n’est pas une solution. On va continuer à s’enliser." Dans ce texte, ce sont les assurances qui doivent indemniser les victimes. Alors que l’attente des victimes, c’est plutôt de voir les indemnisations gérées par un fonds de l’État qui se retournerait ensuite sur les compagnies d’assurances. Ce système permettrait une indemnisation plus rapide des victimes.
871 victimes directes
Au cours de cette commission, la ministre Dedonder a communiqué les chiffres en sa possession. Au 29 novembre 2021, 1 759 dossiers de victimes étaient enregistrés. Soit 871 victimes directes et 744 victimes indirectes. 62 ayants droit se sont aussi fait connaître alors que 64 dossiers ont été rejetés. À ce moment, 106 dossiers étaient encore à traiter.
Le ministre Vandebroucke a fait étalage de toutes les mesures prises depuis le 22 mars 2016. Sur les bancs des parlementaires, on est sceptique. "J’espère que les réponses ne masquent pas trop de compétences splittées et pas assez coordonnées."
Généralement précis dans ses réponses, le ministre de la Santé est revenu sur ce qui semble être des avancées en termes d’accompagnement des victimes. Le BITS est un exemple. Le Belgian Incident Tracking System "permet de voir plus rapidement qui est touché. Il est possible de suivre les victimes dans l’ensemble de la chaîne médicale, d’enregistrer les demandes des parents. On arrive ainsi à répondre aux frustrations des petites listes séparées." Lors des attentats, des familles ont cherché pendant plusieurs jours après un proche qui était hospitalisé: le ministre assure que le BITS évitera que cela ne se reproduise.
Le ministre Vandenbroucke a aussi abordé le suivi psychosocial des victimes. "L’aspect psychique est tout aussi important que le somatique. Le stress post-traumatique est pris en charge par le Medex. " Mais pour Catherine Fonck: "je crains que vous ne soyez le seul à vous retrouver dans le labyrinthe que vous décrivez.".