Taille des classes: le PTB dépose une proposition de décret pour "éviter les abus"
Le PTB a déposé ce mercredi 12 octobre 2022 une proposition de décret visant à supprimer les dérogations octroyées par l'administration et qui permettent aux écoles d’augmenter la taille des classes.
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Publié le 12-10-2022 à 04h55 - Mis à jour le 12-10-2022 à 16h50
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Dans la foulée de la dernière grande mobilisation syndicale ayant agité le secteur de l’enseignement le 5 mai dernier, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) avait annoncé la mise sur pied d’un groupe de travail destiné à "objectiver " la problématique de la taille des classes (*).
Comme nous l’indiquions dans nos éditions de ce mardi, les travaux annoncés ont ainsi débuté dans la foulée de la rentrée du 29 août dernier. Deux premières réunions ont permis de dégager deux sujets de discussion relatifs à cette problématique, a-t-on appris de sources syndicales : les pistes de réduction du nombre moyen d’élèves par classe d’une part ; la régulation des dérogations octroyées par l’administration aux écoles souhaitant gonfler la taille de leurs classes d’autre part.
En marge de la nouvelle manifestation qui se tiendra dans les rues de Namur ce jeudi, l’ensemble des formations syndicales a d’ailleurs pointé le fait que ces dérogations offraient, à ce stade, le seul véritable levier d’action sur lequel ceux-ci pouvaient peser.
Priorité aux plus jeunes
Supprimer ce principe de dérogations, c’est précisément l’objet d’une proposition de décret que le PTB a déposé ce mercredi au Parlement de la FWB. De quoi "permettre d’éviter les situations excessives qu’on observe dans pas mal d’écoles", préface Alice Bernard, cheffe de groupe.
On le sait par ailleurs : figure sur la table du groupe de travail précité une piste qui consiste à privilégier une réduction de la taille des classes en début de cursus. Un avis d’ailleurs partagé par la députée : "Une étude publiée aux États-Unis (NDLR : l’étude STAR, parue en 1999 sous la plume de Jeremy D. Finn, de la State University of New York, et de Charles M. Achilles, de l’Eastern Michigan University) a en effet prouvé que des élèves qui sont placés dans de “petites classes” (environ 15) au tout début de leur scolarité obtiennent dans nombre de domaines des résultats supérieurs à ceux de leurs condisciples placés dans des classes significativement plus nombreuses. Y compris plus tard dans leur scolarité lorsqu’ils se retrouvent dans des classes “normales”.".
Concrètement, le parti d’opposition propose dans un premier temps d’arrêter les nombres maximums d’élèves par classe en suivant les normes existantes : pour le primaire, 24 élèves en 1-2 et 28 élèves en 3-4-5-6 ; pour le secondaire, 24 élèves en 1-2 ; pour le secondaire de transition, 29 élèves en 3-4, 32 en 5-6 générale et 29 en 5-6 technique ; pour le secondaire professionnel, 22 en 3-4 et 25 en 5-6. Dans un second temps, le PTB envisage de déposer un autre texte visant à réduire ces normes.
Stricte interdiction
"Appliquer strictement les normes permettra de faire apparaître la situation réelle, pointe encore Alice Bernard. Ce ne sera peut-être pas facile dans certaines écoles, mais ça guidera le gouvernement à prendre les mesures qui s’imposent pour des meilleures conditions d’apprentissage pour toutes et tous."
Une question subsiste cependant : que faire alors des élèves jugés "excédentaires" ? "Dans les communes en tension, où la demande est particulièrement forte, on ne peut quand même pas interdire à ces élèves de s’inscrire", pointait justement à ce titre Elisabete Pessoa (APPEL) en début de semaine.
"L’esprit du texte déposé est que l’interdiction de telles dérogations soit impérative, répond Alice Bernard. Bien sûr, on ne va pas pouvoir résoudre tous les problèmes d’un claquement de doigts. Il faudra peut-être envisager une période transitoire, mais l’idée est vraiment que ces dérogations ne puissent plus masquer la pénurie d’enseignants que l’on connaît."
Et la députée de conclure : "Il s’agit incontestablement d’un premier pas important dans la bonne direction qui permet déjà d’éviter les abus flagrants".
Déposé ce mercredi, le texte a été pris en considération : il passera en commission de l’Éducation dans un mois.
(*) le chiffre le plus récent relatif à la FWB remonte, déjà, à 2016 : l’OCDE évoquait alors celui de 20 élèves, en moyenne donc, par classe, et ce uniquement pour le fondamental.