La crise de trop pour les patrons wallons
L’horizon n’a jamais été aussi sombre pour les patrons wallons. C’est ce qui ressort du dernier point conjoncturel de l’Union wallonne des entreprises, présenté ce mercredi. Fragilisés par les crises successives, les chefs d’entreprise craignent le pire pour 2023.
Publié le 12-10-2022 à 16h42 - Mis à jour le 12-10-2022 à 17h24
:focal(544.5x328.5:554.5x318.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/USNCGBAKEJCHTEMOMRKBWQ5HFQ.jpg)
"I l s’agit clairement de la crise de trop !" Lors du traditionnel point conjoncturel de l’Union wallonne des entreprises ce mercredi, Olivier de Wasseige, le patron des patrons wallons, n’y est pas allé par quatre chemins. Les résultats de l’enquête menée par l’UWE auprès de 350 entrepreneurs wallons sont particulièrement catastrophiques : "C’est le pire point conjoncturel depuis les années 2000!" martèle l’administrateur délégué. Après le Covid et les inondations, la crise énergétique représente un nouveau coup dur pour le tissu économique régional, qui ne dispose plus de la trésorerie suffisante pour absorber ce choc. "Nos entreprises redoutent encore plus 2023 que 2022..."
Alors que la confiance des consommateurs est au plus bas, les entrepreneurs wallons anticipent logiquement une baisse importante de leurs activités au cours des six prochains mois. L’inflation historiquement élevée, l’indexation automatique des salaires et le contexte géopolitique instable justifient ces sombres perspectives.
Coûts en cascade
Sans surprise, l’explosion des coûts de l’énergie constitue un fameux obstacle pour les sociétés du sud du pays. Plus de trois quarts des répondants à l’enquête de l’UWE estiment que l’augmentation des prix a un impact important ou très important sur leurs activités. Parmi ceux-ci, 43% pensent que la facture énergétique génèrera des diminutions de production. Plus interpellant : 10% craignent de devoir arrêter temporairement leur production, tandis que 8% redoutent la fermeture définitive de leur entreprise dans les prochains mois.
Avec l’inflation qui continue de battre des records (11,3% en septembre), indexer les salaires de plus de 10% sera aussi extrêmement compliqué pour les patrons. "Cette explosion des coûts salariaux impactera les capacités de recrutement, d’investissement et de R&D des entreprises", avance l’UWE.
La seule éclaircie dans ce tableau concerne finalement les perspectives d’emploi qui, sans être exceptionnelles, ne s’effondrent pas. Les raisons de ce relatif optimisme ? Nombre d’entreprises sont déjà en sous-effectifs et ne peuvent donc pas se séparer de leurs collaborateurs. Certaines d’entre elles font également de la rétention d’emplois et préfèrent garder leur personnel au vu des difficultés de recrutement actuelles. L’idée consiste à rogner sur leurs marges pour l’instant, en attendant que la situation économique se stabilise.
Un premier pas
Afin d’aider les entreprises à faire face à l’indexation des salaires, le gouvernement fédéral a décidé, dans le cadre de son accord budgétaire présenté mardi, de réduire les cotisations patronales de 7% aux premier et deuxième trimestres 2023. Un report de paiement de 7% des cotisations patronales pourra également être envisagé pour les troisième et quatrième trimestres.
Une bouffée d’oxygène pour les entreprises wallonnes ? "On ne peut que se réjouir de ce geste", reconnait Olivier de Wasseige. "Ce n’est cependant pas suffisant par rapport à l’impact de l’indexation automatique des salaires qui va notamment mettre à mal notre compétitivité salariale, pour les entreprises qui subissent une concurrence internationale." Par ailleurs, sur l’ambition d’atteindre 80% de taux d’emploi, "je constate qu’il n’y a absolument aucune vision de la part du fédéral! Ce n’est pas encore sous cette législature que nous aurons un véritable plan fédéral sur cette question."
Le patron de l’UWE salue par ailleurs les mesures prises au niveau wallon, la semaine dernière. "L’enveloppe de 185 millions€ pour les aides aux entreprises sur l’énergie, ainsi que les 300 millions€ de prêts garantis à taux favorable seront très utiles pour les entreprises. Mais il ne faut pas être grand devin pour affirmer qu’au 1er avril, tout ne sera pas rentré dans l’ordre! Enfin, compte tenu de l’urgence, la temporalité et la rapidité d’exécution du processus de demande d’aide seront déterminantes. Recevoir de l’argent en février, ce sera trop tard! Certaines entreprises ne tiendront pas jusque-là..."