À Kherson, « l’évacuation » à la russe commence
L’administration de la ville occupée par la Russie veut envoyer les écoliers en « vacances » en Crimée, alors que l’armée ukrainienne approche.
Publié le 06-10-2022 à 19h22 - Mis à jour le 06-10-2022 à 19h23
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Panique à bord à Kherson, grande ville du sud de l’Ukraine occupée et administrée par la Russie depuis le 2 mars dernier.
Alors que l’assaut ukrainien dans la région met à mal l’armée russe (l’Ukraine aurait repris plus de 400 km2 dans la région, selon Kiev), l’administration de la ville a décrété une période de "vacances" à compter de ce jeudi et jusqu’au 21 octobre, s’enquérant de "l’augmentation de bombardements" ces jours-ci.
Programme « éducatif » en Crimée
" Compte tenu des nombreuses demandes et souhaits des parents, du 6 octobre au 21 octobre 2022, le ministère de l’Éducation et des Sciences de la région de Kherson de la Fédération de Russie annonce des vacances (...) ", explique un communiqué tout à fait officiel, ajoutant que "les enfants, pendant la période de vacances, participeront aux programmes de santé de la Fédération de Russie sur le territoire de la République de Crimée."
Des "vacances" qui ressemblent surtout à une déportation, même si l’administration se pare des meilleures intentions du monde, promettant "des événements éducatifs, des voyages passionnants et des rencontres avec des personnes intéressantes", ainsi que des séjours dans "les meilleures stations thermales de Crimée". Sur le plan militaire, la perte de Kherson constituerait une nouvelle défaite importante pour la Russie, après les succès de la contre-offensive ukrainienne dans l’est, laquelle n’est d’ailleurs pas terminée.
Entêtement militaire
À Kherson, " alors que les forces russes sont globalement inférieures en nombre et sont en difficulté dans de nombreux secteurs, le choix de placer un sixième des forces totales (certains évoquent une proportion plus grande encore) et parmi les meilleures dans une petite tête de pont (NDLR : zone où progresse l’ennemi) susceptible d’être isolée est extrêmement dangereux ", analysait cette semaine l’historien militaire français Michel Goya sur son blog. "La position (NDLR : russe) est paradoxalement solide mais aussi fragile, car elle peut exploser sous la pression. Ce serait un désastre peut-être décisif pour le destin du corps expéditionnaire russe en Ukraine, tout cela pour conserver la ville de Kherson et la possibilité d’attaquer un jour Odessa", observe ce dernier.
Civils ciblés
En attendant l’issue de la bataille de Kherson, la Russie se venge - ailleurs - sur la population civile ukrainienne. Ce jeudi, des frappes sur des quartiers résidentiels de Zaporijjia, ville sous contrôle ukrainien étaient signalées; celles-ci ont fait au moins trois morts.