Streaming: un succès qui ne profite pas aux créateurs
Les auteurs et compositeurs de musique ont le « blues ». En cause, le succès grandissant du streaming dont ils ne perçoivent que quelques miettes.
Publié le 28-09-2022 à 18h13 - Mis à jour le 28-09-2022 à 21h10
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Le streaming est aujourd’hui la façon la plus populaire de consommer du contenu musical avec une offre de plus de 70 millions de morceaux sur diverses plateformes. Ces dernières comptabilisent 524 millions d’abonnements payants à travers le monde et touchent plus de 2 milliards d’utilisateurs.
Cependant, si le succès est au rendez-vous, les recettes profitent principalement aux plateformes de streaming et aux labels musicaux. "L’étude est née parce qu’on sentait qu’il y avait quelque chose qui s’apparentait au" blues "des auteurs et des compositeurs en ce qui concerne l’économie du streaming", explique Emmanuel Legrand, journaliste et consultant médias, chargé de préparer l’étude européenne commanditée par la GESAC (Groupement Européen des Sociétés d’Auteurs et Compositeurs) sur la place des auteurs et des compositeurs sur le marché du streaming.
Déséquilibre dans le partage des revenus
Selon l’étude, 30 à 34% du prix payé par les abonnés revient à la plateforme de streaming, et dans les 70% qui restent, plus ou moins 55% revient aux labels musicaux. Les auteurs et compositeurs perçoivent alors environ 15% de ces revenus.
Si les abonnements sont la principale source de revenus sur les plateformes, l’enquête pointe du doigt la valeur de l’abonnement de base qui n’a pas évolué depuis 2006 et qui se situe toujours à 9,99 euros. "Oui, il y a plus de personnes qui utilisent des plateformes de streaming, mais comme le prix n’a pas changé, la valeur moyenne par utilisateur a diminué ces 15 dernières années. C’est sans compter les nombreuses promotions proposées par les plateformes", ajoute Emmanuel Legrand.
La Belgique: un marché complexe
Et pour pouvoir être rémunéré correctement, un artiste doit être largement écouté. Cependant, 93% des artistes sur la plateforme Spotify comptabilisent moins de 1000 utilisateurs par mois. En Belgique, la part du gâteau pour les petits artistes peut être encore davantage réduite puisque le marché belge est limité et complexe. "Tout d’abord, on consomme la culture de façon assez fragmentée. Elle n’est pas la même en Flandre ou en Wallonie, explique Anne-Cécile Collignon, porte-parole de la Sabam, société belge des auteurs, compositeurs et éditeurs. Ensuite, on remarque qu’il y a un problème d’éducation par rapport au fait de payer pour la musique." Les Belges ont également tendance à écouter des artistes étrangers, ce qui réduit la part des recettes qui reviennent aux artistes locaux.
À l’échelle belge, la Sabam souhaite donc que les autorités poussent à consommer local, sensibilisent les utilisateurs à payer pour la musique qu’ils écoutent et développent également des incitants économiques pour faire évoluer le marché.