Les jeunes aussi ont une brique dans le ventre
Proportionnellement au reste de la population, les 18-30 ans sont ceux qui investissent le plus dans l’immobilier.
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- Publié le 10-08-2022 à 04h00
- Mis à jour le 10-08-2022 à 10h37
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C’est la première fois que la Fédération du Notariat (Fednot) publie une analyse consacrée aux jeunes acheteurs de biens immobiliers dans les trois régions du pays. Malgré le relèvement des taux d’intérêt, des conditions d’emprunt qui se resserrent et des prix qui restent élevés, cette analyse montre que les 18-30 ans aussi ont une brique dans le ventre.
D’abord pour le placement financier
Alors que les 18-30 ans représentent 19,5% de la population âgée de plus de 18 ans, cette tranche d’âge a réalisé près d’un tiers (29,8%) des transactions immobilières au 1ersemestre 2022. " Cela contredit un peu le ressenti que l’on peut avoir et selon lequel les jeunes veulent être plus libres et ne pas s’engager dans un projet d’achat", indique, Renaud Grégoire, notaire à Wanze et porte-parole de la Fédération. Dans les faits – et les chiffres – la brique attire au contraire encore largement les jeunes.
" Même si c’est moins dans l’optique d’être propriétaire que dans celle de se donner une certaine sécurité financière", note Renaud Grégoire. C’est l’argument “je paie pour moi” plutôt que de louer. " Et puis, aujourd’hui, où placer son argent ailleurs que dans l’immobilier?"
Pas pour les plus riches, au contraire
Si l’immobilier reste une valeur sûre c’est parce que ses prix augmentent sans discontinuer. Rien qu’entre 2021 et le 1ersemestre 2022, en Belgique, le prix médian d’une maison achetée par les jeunes a augmenté de 7,8% (à 275000 euros) et de 4,2% pour un appartement (à 224000 euros).
Le prix médian est toutefois moins élevé en Wallonie et a même reculé de 2,9% pour les maisons achetées par les jeunes (170000 euros). Pour les appartements, en Wallonie, les jeunes ont déboursé un prix médian de 168000 euros. Malgré ces prix importants, paradoxalement ce sont les jeunes qui ont le plus de moyens qui ne se précipitent pas pour acheter. " Car, pour eux, être propriétaire est moins prioritaire", analyse le notaire. Au contraire des jeunes moins aisés y verront une valeur refuge – " même s’ils revendent 10 ans plus tard pour un autre projet" – voire même une opportunité de plus-value. " On le voit surtout chez les jeunes qui travaillent dans la construction, qui sont capables de faire des travaux eux-mêmes et voient les marges possibles."
Taux en hausse, un frein?
L’annonce de la remontée des taux d’intérêt a clairement joué un rôle d’accélérateur d’achat chez les jeunes début 2022. Aujourd’hui, des taux plus élevés et des prix de l’immobilier qui restent solides compliquent évidemment l’accès à la propriété. C’est évidemment un frein à l’accès à la propriété pour les plus jeunes, d’autant plus que les banques sont plus rétives à prêter la totalité de la somme nécessaire. " On est plutôt à 90% alors qu’il y a deux ans les banques prêtaient encore pour l’achat, les frais et les travaux." Le prix de l’immobilier devrait toutefois plafonner dans les mois à venir, pense le notaire Grégoire. Cela se vérifie d’ailleurs déjà en Wallonie où le prix médian global des maisons a diminué de 5,4% (175000 euros) entre 2021 et le 1ersemestre 2022.
La localisation dictée par les prix
Si les jeunes investissent dans la brique, ils le font majoritairement dans les provinces et communes où les prix de l’immobilier sont les plus abordables (voir les top 3 des communes ci-contre). Au niveau des provinces, celles du Hainaut et de Luxembourg sont les plus prisées par les 18-30 ans avec, pour chaque province, 30% des achats de maisons. La province de Liège suit de près avec 29% de maisons achetées par des jeunes. À l’autre bout du classement wallon, c’est sans surprise le Brabant wallon qui compte le plus faible pourcentage de jeunes acheteurs de maisons (19%) et d’appartements (12%). " Quant à Bruxelles, une maison y est quasiment impayable pour des jeunes », note Renaud Grégoire. À peine 11,6% ont été acquises par des jeunes. Ceux-ci s’orientant plutôt vers les appartements (23,4%).