Les Belges se ruent sur les produits alimentaires à bas prix
Alors que l’inflation grignote le pouvoir d’achat des ménages, les produits d’entrée de gamme cartonnent dans les supermarchés.
Publié le 07-07-2022 à 07h00 - Mis à jour le 07-07-2022 à 07h40
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En cette période d’inflation, le montant affiché sur le ticket de caisse est synonyme de sueurs froides pour bon nombre de consommateurs.Selon les dernières données de Statbel, la hausse des prix des produits alimentaires a atteint 8,4% au mois de juin, contre 6,3% en mai (cf. page 4).Pour préserver tant bien que mal leur pouvoir d’achat, les Belges se tournent de plus en plus vers les produits de marques distributeurs, moins onéreux que les articles de marques nationales.Plutôt que de se faire plaisir, il s’agit désormais de concentrer ses dépenses sur les produits essentiels.
Davantage de premiers prix
Chez Carrefour, on confirme cette tendance: "Les ventes des produits de marque Carrefour enregistrent effectivement une hausse importante depuis le début de l’année , explique Siryn Stambouli, porte-parole de Carrefour Belgium. L’inflation, puis le déclenchement de la guerre en Ukraine ne sont évidemment pas étrangers à cette tendance."
Les clients de l’enseigne jettent leur dévolu sur les produits accessibles, et assez basiques. "Il y a moins d’achats plaisir mais davantage d’achats utiles." La différence de prix avec les grandes marques peut être très importante, note la porte-parole: "Selon les produits, la marque Carrefour est 20 à 50% moins chère que les produits de marques nationales.Lorsqu’on place les produits côte-à-côte en magasin, la comparaison est vite faite!"
L’écho est sensiblement identique chez Delhaize qui relève une augmentation de 10% des ventes de ses produits distributeur. "Cela paraît peu, mais en fait, c’est énorme quand on sait que le panier moyen de nos clients comporte déjà 50% d’articles de marque propre, en temps normal" , précise la porte-parole de l’enseigne au lion, Karima Ghozzi.
Cet état des lieux n’est pas tout à fait partagé par Colruyt, qui n’a pas remarqué de grande différence dans le comportement de ses clients quant au choix des marques. "De plus, lorsque nous examinons les tickets de caisse, nous constatons que le niveau de dépenses reste identique chez nos clients habituels [...] Par contre, nous constatons qu’ils achètent des produits moins diversifiés, mais aussi des volumes de produits plus conséquentsen raison de l’inflation" , réagit l’enseigne.Les articles plus onéreux sont également délaissés.
Colruyt observe tout de même que de nouveaux clients ont franchi la porte de ses magasins ces dernières semaines. Ceux-ci concentrent alors leurs achats sur les produits de base et de marque propre, en priorité, "comme notre eau Everyday par exemple". "Ils se focalisent, consciemment, sur les prix les plus bas [...] Globalement, ces derniers mois, la sensibilité aux prix et aux promotions n’a fait qu’augmenter."
Changer d’enseigne
Cette maîtrise des dépenses alimentaires profite inévitablement aux anciens hard discounters , qui proposent majoritairement des articles de marque propre à des tarifs très avantageux. "Nos volumes de ventes ont effectivement augmenté depuis le début de l’année, avance Jason Sevestre, pour la chaîne de magasins Aldi. Certains produits de marque distributeur ont la cote auprès des consommateurs: "Je pense aux eaux de notre marque Rocheval, à la charcuterie Délifin, et aux produits River pour les sodas."
Ici encore, s’il s’agit de réaliser des économies, le calcul est vite fait: " Nous sommes facilement 50% moins chers par rapport aux marques nationales [...] En période d’inflation, forcément, ça a son importance.En début d’année, nous avions d’ailleurs réalisé une enquête qui montrait que sept Belges sur dix optaient plus souvent pour des marques distributeurs."
"Les produits propres représentent 90% de notre assortiment, pour seulement 10% de marques nationales , affirme pour sa part Julien Wathieu, porte-parole de Lidl. Nous constatons aujourd’hui que nos clients reviennent plus souvent en magasin, et que de nouvelles personnes poussent également la porte de nos supermarchés pour découvrir ces produits, spécifiques à Lidl."
Mais au fond, cette maîtrise des prix se fait-elle au détriment de la qualité?Sur cette question, les enseignes sont unanimes: « Non, pas du tout, nous répond Karima Ghozzi. La différence, c’est qu’il n’y pas de travail sur le marketing, sur l’identité du produit.Les volumes négociés avec nos partenaires nous permettent aussi d’avoir des prix attractifs. Mais la qualité est bien rendez-vous. »