Inflation record de 9,65%. «On sera au-delà des 12% en fin d’année»
À 9,65 %, l’inflation atteint son plus haut niveau depuis octobre 1982 (9,84 %). Et la flambée va se poursuivre, vers 13 ou 14 %, prévoit l’économiste Bruno Colmant. La rentrée sera difficile pour les ménages de retour de vacances.
- Publié le 29-06-2022 à 16h44
- Mis à jour le 29-06-2022 à 16h45
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"Q uand j’avais dit qu’on aurait une inflation à 12%, on m’avait ri au nez. Mais ce qui se produit n’a rien d’étonnant. On sera au-delà des 12% en fin d’année" , prévoit Bruno Colmant, professeur d’économie à l’ULB et l’UCLouvain.Il parle maintenant de 13, voire de 14%. "Nos sociétés ne sont pas préparées à de tels chocs d’inflation" , prévient l’économiste.
L’inflation ne cesse en effet de grimper ces derniers mois.Poussée vers le haut par la flambée des prix des produits énergétiques, elle s’établit à 9,65% au mois de juin, contre 8,97% en mai, indique Statbel.Elle atteint ainsi son plus haut niveau depuis 1982, où elle avait grimpé jusque 9,84%.
L’ensemble des indicateurs s’affichent en hausse au mois de juin, tant sur base de l’indice santé (8,72%, contre 8,34% en mai), le taux d’inflation hors produits énergétiques (5,26%, contre 4,53% en mai) que l’inflation sous-jacente (5,07%, contre 4,43% en mai).
L’inflation de l’énergie atteint 55,99% en juin, contre 56,8% en mai. Elle contribue à hauteur de 4,91 points de pourcentage à l’inflation totale.
Inflation alimentaire
L’électricité coûte 49% plus cher qu’il y a un an et le gaz naturel a grimpé de 109,1% par rapport à juin 2021. Le prix du gasoil de chauffage, lissé sur 12 mois, a crû de 65,6% en un an et les carburants ont augmenté de 39,2%. Les produits alimentaires ont également fortement augmenté, avec une inflation de 8,44%, contre 6,32% en mai. Ils contribuent à hauteur de 1,67 pp à l’inflation totale.
"L’inflation énergétique va continuer.Les prix à terme sont en hausse, liés au phénomène de pénurie.Et s’y ajoute une inflation alimentaire parce que l’énergie se retrouve partout et, à un moment, les entreprises sont bien obligées de répercuter ces coûts sur le consommateur."
Le choc de la rentrée
Les contrats dans la grande distribution, établis sur base annuelle, vont se renégocier à la rentrée, dit-il. "Les ménages, de retour de vacances, vont avoir à affronter un choc au moment de payer tous les frais de la rentrée, notamment les frais scolaires."
"Cette hausse de prix ne touche pas des articles de luxe, mais des produits de base, comme la pizza surgelée" , observe encore Bruno Colmant. "L’inflation qui va être ressentie par ceux qui ont peu de moyens va être encore supérieure à 12%" .
Quand aux perspectives d’un retour à une inflation plus "acceptable" dès l’an prochain (la BCE avait parlé de 3,5% en 2023 et de 2,1% en 2024), l’économiste n’y croit pas. "On aura de base une inflation de 4 à 5% l’an prochain. C’est ce que prévoient à présent les présidents de la Banque de France et de la Bundesbank."