Législatives: trois enjeux d’un second tour qui s’annonce serré
Emmanuel Macron espère la majorité absolue, la gauche veut croire en la victoire, et le RN pourrait percer à l’échelon local.
- Publié le 17-06-2022 à 17h45
- Mis à jour le 18-06-2022 à 09h32
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Le second tour des élections législatives, c’est pour ce dimanche. Après un premier round marqué par une abstention record, la majorité présidentielle est au coude à coude avec l’union de la gauche (Nupes), tandis que l’extrême droite pourrait réaliser une percée historique à l’échelon local. Voici les trois principaux enjeux de ce scrutin à l’issue encore incertaine.
1.L’abstention, faiseuse de roi
Après un premier tour marqué par un taux d’abstention record (52,4%), aucun sursaut participatif n’est attendu. Selon l’Ifop (Institut français d’opinion publique), ce taux monterait même à 54,5% dimanche. C’est en particulier le cas chez les sympathisants de Jean-Luc Mélenchon, dont il est attendu qu’environ 40% s’abstiendront. Or, l’union de la gauche (Nupes), le sait : si son électorat se mobilise, elle est en mesure de gagner. D’abord parce qu’elle est qualifiée dans 382 circonscriptions, donc sur les talons de la majorité présidentielle du président Macron (présente dans 417 circonscriptions).
Toutefois, "s’il n’y a pas de mouvement qui contrerait l’abstention attendue, c’est plié pour la Nupes, parce qu’elle a, a priori, moins de réserves de voix que la majorité présidentielle" , analyse le politologue Pascal Delwit, qui prévient que, "s’il y a un petit mouvement de participation supérieur au second tour, cela devrait bénéficier proportionnellement à la Nupes. Ce mouvement peut avoir lieu chez les jeunes, où l’abstention est la plus forte et peut avoir une influence dans beaucoup de circonscriptions. A priori, un mouvement participationniste serait une mauvaise nouvelle pour le camps macronien."
La Nupes et ses leaders ne s’y sont pas trompés : toute la semaine, les insoumis, socialistes, écologistes et communistes n’ont eu de cesse d’appeler leurs partisans (en particulier les jeunes) à se déplacer, conscients qu’ils ne trouveront pas ailleurs ces fameuses réserves de voix.
2.Majorité absolue ou relative, rien n’est joué
289. C’est le nombre de sièges qu’espère obtenir Ensemble, le parti du président français Emmanuel Macron, et de ses alliés. Un score qui serait synonyme de majorité absolue (la moitié des 577 sièges de l’Assemblée nationale + 1), et donc d’une marge de manœuvre optimum pour le quinquennat à venir, qui doit accoucher de la difficile réforme des retraites, pierre angulaire du programme libéral macronien. Mais même si les dernières projections sondagières donnent Ensemble gagnant (entre 252 et 300 sièges), cette majorité absolue est loin d’être acquise et le président français l’a bien compris. "Nous avons besoin d’une majorité solide pour porter les grandes ambitions du pays" , a-t-il martelé cette semaine avant de s’envoler pour la Roumanie, la Moldavie, puis l’Ukraine.
3.Le RN peu percoler localement
Qualifié dans 208 circonscriptions, le Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen a doublé son score du premier tour des législatives de 2017 et pourrait rafler entre 20 et 50 sièges cette fois-ci. En 2017, le parti avait raflé 8 sièges seulement. Surtout, "le vote RN est très implanté dans certains espaces , pointe Pascal Delwit, notamment le Nord-Pas-de-Calais, la Moselle, la Meuse. Ce sont des Résultat très impressionnants, surtout avec une telle abstention, qui habituellement ne profite pas au Rassemblement National..." Mais, comme la France Insoumise, le parti pâtit lui aussi d’une forte abstention chez ses sympathisants. Ce devrait encore être le cas dimanche.