Manifestation à Liège: «Les autistes adultes sont les grands oubliés»
Ce jeudi 9 juin, plusieurs associations manifestent devant le CHU de Liège. « L’autisme ne s’arrête pas à 18 ans », expliquent-elles.
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Publié le 08-06-2022 à 14h13 - Mis à jour le 09-06-2022 à 11h33
"N ous n’avons plus de lieu de diagnostic conventionné pour les adultes.Et pour les autistes diagnostiqués dans l’enfance, une fois passés à l’âge adulte, il n’y a peu de lieux d’aide et de soutien.Les adultes sont livrés à eux-mêmes " résume Flora Arrabito, de l’ASBL Autisme-en-Action .

Trois associations ont appelé à un sit-in, ce jeudi matin devant le CHUde Liège: Atypical Intelligences , Autisme-en-Action et la plateforme citoyenne Dialogue unicité-Diversité." C’est une manifestation pacifique, et silencieuse. Les personnes qui y participent sortent peu.Certaines m’ont dit: “J’ai peur.” Moi aussi, j’ai peur, car c’est une première…Mais si on ne criera pas ce jeudi, on a besoin qu’on entende nos voix. "
Le CRAL, seulement pour les mineurs

En Fédération Wallonie Bruxelles, les centres de ressources autisme (CRA) prennent en charge le diagnostic des personnes autistes (TSA). " Il y avait deux centres réalisant les tests pour les personnes de plus de 18 ans: le CHUBrugmann à Bruxelles et au CHUde Liège – le CRAL. Aujourd’hui, le CRAL ne prend plus de rendez-vous pour les adultes.On y reçoit encore les personnes qui ont été prises avant la date de décision de fermeture, mais il n’est plus possible d’y être diagnostiqué quand on est adulte ", explique Mme Arrabito.

Une question a été posée en avril à Valérie Glatigny, ministre des Hôpitaux universitaires. Elle a répondu que le service attendu du CRAL est essentiellement destiné aux enfants et adolescents, ajoutant " les autres centres habilités pour le diagnostic de l’autisme, y compris en Flandre, ont depuis longtemps décidé de focaliser leurs activités sur la population des enfants pour des raisons éthiques et sanitaires ."
Problème des cabinets privés
Pour les adultes, la seule voie qui reste, ce sont les cabinets privés. " Au CRAL, nous avions une garantie d’efficacité , dit Flora Arrabito. Cette garantie est difficile à avoir en cabinet privé.La personne a-t-elle réellement l’expertise? Il faut plusieurs séances pour poser un diagnostic, une anamnèse complète, puis des tests spécialisés, des réunions d’équipes. Un diagnostic d’autisme, ce ne sont pas des points à cocher, mais une interaction entre différents points… En cabinet privé, on se pose donc la question du regard croisé pluridisciplinaire, mais aussi du coût! "
Flora elle-même a été diagnostiquée à l’âge adulte par un CRA. " J’ai d’autres particularités: la dyslexie, un haut potentiel et un trouble de l’attention (TDAH ).Le diagnostic d’autisme a été posé plus tard.Il n’est pas rare qu’on ne remarque pas qu’une femme est autiste.Par exemple, une femme timide et réservée, qui se passionne pour les chatons ou ne prend pas la parole en public, c’est socialement admis. "
Les autistes de Belgique sont décidés à réagir. " Cette manifestation, c’est une 1remondiale. Nous voulons être entendus: le diagnostic est nécessaire pour l’acceptation personnelle et pour l’accès aux aides adaptées. En espérant qu’un jour la société belge pourra aussi nous inclure, comme c’est le cas dans d’autres pays, par exemple le Canada. "