Claude Eerdekens et permis d’urbanisme: «Le coût de l’étalement urbain est insupportable pour les communes»
L’étalement urbain met en péril la santé financière des communes, prévient Claude Eerdekens. Le bourgmestre d’Andenne qui limite drastiquement les permis d’urbanisme pour les maisons quatre-façades s’emploie depuis plus de dix ans à densifier la population au cœur de sa ville.
Publié le 05-06-2022 à 07h00 - Mis à jour le 05-06-2022 à 08h08
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Depuis plusieurs années, Claude Eerdekens mène d’une main de fer une politique urbanistique du tout ou presque à l’habitat groupé. Plus de 1200logements, des appartements pour la plupart, construits en dix ans et une population qui a augmenté de 8%, c’est 3% de plus que la moyenne wallonne. Autre motif de satisfaction du bouillonnant socialiste: 76% des Andennais sont propriétaires de leur logement.
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Sa stratégie pour repeupler le centre-ville ne fait pas que des heureux parmi ses administrés. Mais l’indéboulonnable bourgmestre d’Andenne – 50 ans de mayorat! -, assume sa "vision" urbanistique, pas seulement au nom de la raréfaction des terrains constructibles, de l’explosion démographique annoncée ou du réchauffement climatique. Pour lui, stopper l’étalement urbain est avant tout une question de justice sociale et de survie pour sa commune.
" Des sixties jusqu’aux années 2005-2010, l’étalement urbain a contribué à la paupérisation croissante des villes. La pression immobilière en périphérie, sociologiquement plus bourgeoise, chasse les plus pauvres vers les villes. Ce déplacement de la population précarisée des campagnes vers les villes est, de mon point de vue, insupportable."
«Survivre ou mourir financièrement»
L’étalement urbain coûte cher, très cher aux communes. " Chaque fois que l’on autorise dans les campagnes une maison quatre-façades, c’est un coût pour la commune de 50000 € pour l’aménagement de la voirie et un coût de 50000 € tous les 30 ans pour le renouvellement de celle-ci. Financièrement, le choix pour les communes est survivre ou mourir. "
Il sort sa calculette pour comparer ce que rapporte à la commune une maison quatre-façades versus un immeuble à appartements. " Sur une route qui fait 200 mètres de long, vous pouvez faire 10 parcelles de 20 m2 pour 10 villas ou bien construire 80 logements collectifs (appartements et maisons mitoyennes). La seconde option représente 8 fois plus de contributeurs à la réfection de la voirie, 8 fois plus de précomptes immobiliers, 8 fois plus d’additionnels communaux (NDLR: impôts sur les personnes physiques). Les communes qui se sont félicitées de l’étalement urbain ne se rendent pas compte qu’à terme elles vont avoir une charge insupportable . Avec les budgets des communes et la déconfiture qui nous attend, je ne sais pas si on va pouvoir financer les conséquences de l’étalement urbain."
La hausse du prix de l’énergie ( quelle famille pourra dans 15 ans se payer 2 voitures électriques pour faire les 5 km qui la séparent du centre-ville?), le réchauffement climatique, les inondations de l’été dernier apportent de l’eau à sa bétonnière. " Plus vous artificialisez les hauteurs, plus vous élargissez les voiries, plus vous construisez, plus vous imperméabilisez le sol, plus le risque d’inondations est élevé pour les maisons en contrebas. On a commandé une étude au terme de laquelle nous gèlerons tous les terrains à bâtir s’il y a un risque d’inondations. »