Quel futur pour la Couronne britannique ?
Pendant le règne d’Elizabeth les partis indépendantistes se sont développés dans de nombreux territoires.
Publié le 04-06-2022 à 06h00
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De Jean Van Houtte à Alexander De Croo, c’est 20 Premiers ministres qui se sont succédé en Belgique depuis l’arrivée sur le trône d’Angleterre d’Elizabeth II, le 6 février 1952. Si l’empire britannique existait encore aujourd’hui, comprenant entre autres l’Inde, l’Australie et le Canada, il représenterait 2,5 milliards de personnes. Mais cette emprise de la couronne n’a cessé de décliner, et c’est encore le cas aujourd’hui.
Ainsi, au Canada, en Nouvelle-Zélande et en Australie, l’importance de la monarchie britannique fait actuellement débat. Le premier ministre australien Anthony Albanese a nommé dans son nouveau gouvernement le député de Sydney Matt Thistlethwaite au poste de ministre délégué pour la République. Cette nomination montre la volonté d’une partie des Australiens de s’affranchir des restes symboliques de la tutelle de la couronne.
Beaucoup de membres du Commonwealth ont déjà déclaré leur indépendance comme Trinité-et-Tobago en 1962, l’Île Maurice en 1968 ou plus récemment la Barbade, proclamée République en novembre 2021.
Dans les Caraïbes, l’image de la famille royale a perdu de sa superbe ces dernières années. Lors du déplacement au Bélize, en Jamaïque et aux Bahamas en mars dernier, du prince William et de son épouse Kate, des manifestations dénonçant le passé esclavagiste du Royaume-Uni ont été organisées. Le premier ministre jamaïcain Andrew Holness a déclaré par la suite que la transition de son pays en une république n’était "qu’une question de temps."
Vers une fissure du Royaume-Uni?
Au sein même du Royaume-Uni on observe une montée des partis indépendantistes avec par exemple le Sinn Féin en Irlande du Nord. En Écosse, le Parti national Écossais (SNP) de la Première ministre Nicola Sturgeon, victorieux des élections législatives en 2021, a promis d’organiser un référendum d’autodétermination sur son indépendance de la couronne britannique. Va-t-on assister dans les prochaines années à la fin du Royaume-Uni tel qu’on le connaît?
D’après Vincent Dujardin, professeur à l’école d’études européennes de l’UCLouvain et spécialiste de la monarchie, ce n’est pas un scénario à prendre à la légère. "Un des défis du futur roi Charles sera d’éviter de se trouver à la tête d’un royaume désuni. Le Brexit a en effet renforcé sensiblement les velléités d’indépendance en Écosse ou de réunification de l’île d’Irlande".
L’avenir de la famille royale
Si Elizabeth II reste très populaire en Angleterre, 25% des Anglais seraient favorables à une république à la fin de son règne selon un sondage YouGov. Pour Vincent Dujardin cet hypothétique changement n’est pas envisageable dans un avenir proche mais cela reste une tendance à observer. "Il est clair que cela constitue une minorité qui est d’autant plus significative que le nombre de républicains augmente auprès des plus jeunes. Les premières années du règne de Charles seront importantes et certains dossiers risquent de rebondir, comme celui du financement de la famille royale qui représente des sommes considérables. Au-delà, Charles est sensiblement moins populaire que sa mère et que son fils aîné William. Or, dans une monarchie parlementaire, bénéficier de la sympathie populaire, c’est important."
Une chose est sûre, la reine Elizabeth aura marqué l’histoire par sa longévité. Son règne a traversé les décennies et les crises en assurant son rôle sans prendre parti dans les affaires politiques du Royaume. D’après Vincent Dujardin " Elizabeth II, c’est avant tout un symbole de l’unité du Royaume-Uni." Et après?