Agriculture: le bio est à la croisée des chemins
L’agriculture bio poursuit sa progression mais est aussi à la croisée des chemins pour poursuivre sa percée chez les consommateurs.
Publié le 24-05-2022 à 15h55 - Mis à jour le 24-05-2022 à 19h28
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L’agriculture bio est probablement à la croisée des chemins. Ce moment où la distance parcourue est déjà remarquable mais où il ne faut pas se tromper de direction sous peine de faire du surplace, voire de reculer.
98,4% des ménages wallons ont acheté du bio en 2021.
À quelques jours du début de "la Semaine bio" (voir ci-dessous), plusieurs chiffres dévoilés par le secteur de l’agriculture bio en Wallonie indiquent en effet que si consommer bio a très largement dépassé le cap des convaincus, les producteurs auront des choix importants à poser pour rencontrer plus largement encore la demande des consommateurs. Quant aux autorités publiques, leur soutien sera essentiel si la Wallonie veut atteindre l’objectif de son "Plan bio 2030" qui vise 30% de surface agricole bio en 2030. On est à 12,4% aujourd’hui (données de 2021).
5,44%, c’est la part du marché bio en Wallonie.
Côté consommateurs donc, les chiffres montrent que " le bio est de plus en plus ancré ", note Julien Capozziello, responsable de l’Observatoire de la consommation à l’Apaq-w (Agence Wallonne pour la Promotion d’une Agriculture de Qualité). Moins de 2% des ménages wallons n’ont pas consommé au moins une fois un produit alimentaire bio en 2021. Cela représente une dépense de 440,8 millions d’euros. C’est une progression de 2,2 millions par rapport 2020 (+0,5%), mais c’est la plus faible depuis 2016 (+50 millions ou +11,6% entre 2019 et 2020 par exemple). Même s’il faut noter que c’est l’ensemble des dépenses alimentaires (bio et non bio) qui a baissé et que la part de marché du bio est toujours en progression (+0.13% à 5,44%), " le prix reste un frein ", note Julien Capozziello. Frein d’autant plus fort dans le contexte actuel de baisse du pouvoir d’achat, mais frein qui est pourtant de moins en moins pertinent, juge le secteur. Même sans tenir compte des coûts dérivés (impacts sur la santé et l’environnement), la différence de prix entre non bio et bio ne cesse de se réduire. Certains produits laitiers bio étant même au niveau du conventionnel. Communiquer et expliquer aux consommateurs resteront donc les clés du succès pour les producteurs bio. Et c’est précisément le fil rouge de "la Semaine bio".
92008 fermes sont sous contrôle bio, soit 15,5% des fermes wallonnes
Le soutien du politique sera aussi essentiel pour que l’agriculture bio poursuive une croissance qui ne se dément pas depuis au moins dix ans. Outre le contexte économique, les inconnues relatives à la nouvelle PAC (politique agricole commune) ont d’ailleurs pesé dans la réflexion des agriculteurs du conventionnel désireux de sauter dans le bain du bio. Alors que lors des 10 dernières années ce sont 100 fermes qui se sont converties chaque année au bio, il n’y en a eu que 68 en 2021. " Les incertitudes liées à la PAC ont clairement pesé , indique Ariane Beaudelot, coordinatrice de Biowallonie, la structure qui accompagne les professionnels du secteur. Certains ont préféré attendre avant de faire leur conversion. " Si une étude de marché de l’Apaq-w montre que 6 personnes sur 10 ont l’intention de ne pas réduire leur consommation de produits alimentaires bio, un second semestre 2021 plus faible après le boost du confinement et un premier semestre 2022 " difficile " sont des éléments qui pèsent au moment de choisir la direction à prendre.