On manque de bras pour préparer la fête
Festivals, concerts, événements corporate… Le secteur de l’événementiel manque de main-d’œuvre.
Publié le 20-05-2022 à 06h00
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Le Dour Festival ou Les Ardentes, ce n’est qu’à la mi-juillet. Mais ce genre de grosse machine se prépare évidemment largement en amont. Et sans doute encore plus aujourd’hui qu’hier. Car depuis la reprise post-covid, les organisateurs de ces événements musicaux et tous les acteurs de la logistique qui gravitent autour font face à une criante pénurie de main-d’œuvre.
En réalité, c’est tout le secteur de l’événementiel qui manque de bras, indique Stijn Snaet, le manager de l’Event Confederation. Née en pleine crise coronavirus, l’association qui chapeaute tous les acteurs belges du secteur “live” a d’ailleurs lancé il y a peu une campagne sur les réseaux sociaux. Objectif de cette action #backstageisback: ramener vers le secteur de l’événementiel des talents qui l’ont déserté pendant la pandémie. Et qui, pour certains, n’ont pas souhaité y revenir, échaudés par la nature instable de l’activité ou ayant trouvé mieux dans un autre secteur.
" Mais cette pénurie a aussi une autre raison , analyse Stijn Snaet. Après deux ans d’arrêt à cause de la pandémie, on assiste à une augmentation des demandes pour les concerts, les festivals, mais aussi toute une série d’activités comme les salons, les foires, les événements corporate ou privés, comme les mariages par exemple. "
Si, faute de comité paritaire, le secteur n’a pas pu évaluer ses pertes en personnel (80000 personnes avant la crise, dont la moitié d’indépendants), les faits le démontrent, on manque de bras.
" Ce sont surtout nos fournisseurs techniques, les monteurs de scènes,… qui sont impactés , indique Jean-Yves Reumont, le porte-parole du festival Les Ardentes. Il y a entre 15 et 30% de pénurie de personnel, ce qui nous oblige à travailler plus en amont afin de bloquer le matériel notamment. "
Parfois, il faut aussi trouver du personnel à l’étranger, car les Belges n’en ont plus assez pour assurer les contrats. Cette année par exemple, la logistique du festival liégeois sera un peu espagnole. Cela complique évidemment le travail, mais ne met pas forcément en péril l’organisation. " Par contre, avec le prix de l’énergie, ça fait grimper les coûts de 15 à 20% ", dit Jean-Yves Reumont. Les tarifs étant fixés depuis 2020, il n’y aura pas d’impact sur le prix des tickets. " Mais on verra en 2023… "
Les coûts, Damien Dufrasne les a vus grimper aussi. " Rien que pour le poste des barrières Heras, c’est un surcoût de 20000 euros ", dit le directeur général du Dour festival. Ces barrières qui arrivent habituellement fin mai (le festival a lieu du 13 au 17 juillet) sont acheminées progressivement depuis fin mars déjà, car les transporteurs manquent de chauffeurs pour assurer la livraison dans le timing habituel. " Du coup, on doit stocker 80 semi-remorques de barrières et il faudra les transporter sur 1 kilomètre puis les ramener encore au hangar car le transporteur ne pourra pas les récupérer directement. " Plus que jamais, le maître mot pour les organisateurs de tels événements c’est “anticipation”, dit Damien Dufrasne en évoquant aussi la société chargée du son qui a dû annuler faute, non pas de matériel, mais de personnel. " Mais on s’adapte, on trouve des gens même s’ils sont moins qualifiés ou ont moins d’expérience. C’est une remise en question de notre travail, mais on sera prêt à temps. Même si on sera sans doute moins relax le jour J. "