Procrastination écologique - Écolo, mais pas trop
Avec humour et autodérision, Maïté Robert évoque les contradictions de ceux qui voudraient bien aider la planète, mais peinent à assumer leurs engagements.
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Publié le 12-05-2022 à 08h00
En 2020, Dargaud lançait, avec Mâtin! , un journal numérique publié chaque jour à 7h59 sur Instagram et à travers lequel un collectif de jeunes auteurs et autrices évoquaient, avec humour mais pertinence, des sujets de société actuels ou passés.
Ce journal, dont le nom s’inspire du slogan de son modèle (" Mâtin, quel journal! "), feu le journal Pilote , s’offre aujourd’hui un prolongement papier avec la publication, dans une collection qui porte aussi son nom, de plusieurs ouvrages venus compiler ces chroniques quotidiennes.
C’est par exemple le cas du travail de Maïté Robert. Pendant deux ans, cette jeune trentenaire a évoqué la difficile transition écologique à laquelle se trouve confrontée sa génération. Fast-food, réseaux sociaux, végétarisme, cadeaux de Noël: elle a tout passé au crible en mettant en scène sa propre vie…pas toujours exempte de tout reproche en la matière.
Ne pas viser la perfection
Si bien que sa Procrastination écologique tient autant de l’exemple que du contre-exemple: " Faire son savon soi-même, par exemple, j’en suis revenue, faute de temps et de volonté, reconnaît-elle. Mais le but de ma chronique, et aujourd’hui de l’album, n’était pas de culpabiliser. Mais de donner des idées à ceux qui n’ont pas encore franchi le pas… et de faire rire ceux qui sont déjà plus engagés sur ce chemin, et souriront en repensant à leurs débuts ."
Autant de petits gestes qui aideront peut-être la planète à mieux supporter le poids de l’activité humaine. Mais qui semblent parfois relever de la goutte d’eau de bonne volonté dans un océan d’indifférence. " C’est un peu ce qui me revient souvent du côté des lecteurs ", avoue la jeune femme, qui ne désarme pas pour autant: " Le message que j’essaie de faire passer, c’est qu’il vaut mieux être des millions à faire de petits gestes que trois à être totalement parfaits. "
Parfois, avec mon compagnon, on se dit qu’on est tombés à la mauvaise période de l’histoire.
Une façon positive de prendre le problème, là où certains militants jouent parfois, avec un peu trop de zèle, la carte moralisatrice: " Quelque part, mon bouquin vient dire aux gens: vous ne faites pas tout bien? Ce n’est pas si grave du moment que vous faites un peu, dit-elle. Avec mon compagnon, on se dit parfois qu’on est tombé dans la mauvaise période de l’histoire: quand j’étais petite, personne ne nous parlait de bannir le plastique, de manger moins de viande ou d’éviter la voiture. À l’époque de mes grands-parents, le comportement contraire relevait même du luxe. Puis, tout a changé, et il faut acquérir de nouveaux réflexes. Ce n’est pas si simple. "
Maïté Robert voit toutefois une différence avec les jeunes générations: " Je ne suis pas vieille, pourtant, mais quand j’entends les étudiants d’aujourd’hui, je m’aperçois que ces idées sont déjà beaucoup plus intégrées chez eux. C’est, quelque part, rassurant pour le futur. "
Dargaud (Mâtin) Maïté Robert, 200 p., 18 €.