Pétrole russe : l’UE loin du «prix fort» qu’elle veut faire payer à Poutine

La Commission européenne a annoncé un sixième parquet de sanction à l’égard de la Russie, dont un embargo sur le pétrole.

Clément Boileau
 Urusula von der Leyen a détaillé ce sixième train de sanctions devant le Parlement européen, ce mercredi.
Urusula von der Leyen a détaillé ce sixième train de sanctions devant le Parlement européen, ce mercredi. ©AFP 

Sans surprise , le sixième paquet de sanctions contre la Russie proposé par la Commission européenne inclut un embargo "progressif" sur le pétrole russe. C’est ce qu’a annoncé la présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen, ce mercredi devant le parlement à Strasbourg, lors d’un discours en marge de la session plénière qui réunit les députés européens.

"Nous proposons désormais une interdiction du pétrole russe" , a entamé Ursula Von der Leyen, qu’il soit " transporté par voie maritime ou par oléoduc, brut et raffiné." Cet abandon sera, toutefois, "progressif" , le temps pour les États membres de trouver des alternatives : concernant pour le pétrole brut, cet embargo prendra six mois et pour le pétrole raffiné, l’UE se donne jusqu’à la fin de l’année. Le texte doit par ailleurs encore être avalisé par tous les États membres, dont certains, trop dépendants de ce pétrole, entendent bénéficier d’une dérogation (Hongrie et Slovénie, notamment).

Le «prix fort»

"Poutine doit payer le prix fort pour sa brutale agression" , avait entamé, un peu plus tôt ce mercredi, Ursula Von der Leyen. Les exportations de pétrole russe constituent en effet, avec le gaz, une part importante du PIB de la Russie. En matière de pétrole, l’UE contribue largement aux finances de Poutine et de son régime: plus de 25 % des importations européennes viennent justement de Russie. Pourtant, cet embargo progressif, qui doit permettre à l’Union de trouver des alternatives en temps et en heure afin de préserver sa propre économie, n’impactera pas significativement le PIB russe.

Selon le Kiel Institute, plus vieille institution de recherche économique d’Allemagne, un embargo européen total sur le pétrole ne rognerait le PIB russe qu’à hauteur de 1,2 point. Ce n’est pas rien, mais c’est tout de même loin du "prix fort" évoqué par Ursula Von der Leyen. D’autant que la Russie se serait financièrement préparée à une "guerre longue", toujours selon le Kiel Institute : "Tant la situation budgétaire de l’État que les caractéristiques structurelles de l’économie russe créent des conditions favorables à la persistance prolongée d’une économie de guerre basée sur l’autarcie" , observe l’institut, qui note que "les revenus des exportations d’énergie vers des pays qui évitent les sanctions ou, comme l’Allemagne, maintiennent encore certains de leurs achats, augmentent actuellement."

Le gaz attendra

Le véritable "prix fort" se situerait en fait plutôt du côté du gaz russe, si l’on se réfère à l’analyse du Kiel Institute ; un embargo européen sur celui-ci impacterait en effet le PIB russe de près de 3%. Cela n’est pas sur les tablettes européennes, du fait de la dépendance de certaines grandes économies européennes (Allemagne en tête) au gaz russe.

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