Pour le 1er Mai, Écolo avance 10 propositions: «Après les rustines, des mesures structurelles»
Dans L’Avenir, le coprésident d’Écolo, Jean-Marc Nollet, avance 10 mesures pour un bouclier social. En préférant parler de « pouvoir de vivre » que de « pouvoir d’achat ». Sa priorité : l’augmentation des revenus.
- Publié le 30-04-2022 à 07h01
- Mis à jour le 30-04-2022 à 07h03
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Jean-Marc Nollet, à l’approche du 1er Mai, les enjeux socio-économiques sont revenus sur le devant de la scène…
Effectivement. J’entends beaucoup parler du «pouvoir d’achat», dans les partis traditionnels, dans les médias. Mais pour beaucoup de personnes, il s’agit du «pouvoir de vivre» dignement. Et vivre, ce n’est pas qu’acheter. Par ailleurs, beaucoup parlent de «redistribution». Moi, je veux parler de «distribution», donc des mesures sur les revenus, les salaires. Il faut agir à la racine des problèmes. On traverse une crise profonde. Tout le monde doit être conscient de ce qu’il y a derrière les chiffres.
C’est-à-dire?
Des vies qui basculent, des familles qui doivent passer en mode survie. C’est pour cela que je parle de pouvoir de vivre. Je ne parle pas que des plus précarisés, mais aussi des classes moyennes.
Avec les verts dans les gouvernements, face aux crises, on a retenu les leçons de 2008 en refusant l’austérité. On a protégé les citoyens en mettant en place des rustines, en urgence. Pour le Covid, c’est quand même 40 milliards. Pour l’énergie, c’est déjà 3 milliards.
Mais on voit que cette crise va durer. Les rustines ne suffisent plus. J’ai entendu le Premier ministre faire une ouverture sur la prolongation des mesures de soutien en matière d’énergie. C’est bien. Mais ce que les verts proposent, c’est la mise en place d’un bouclier social fait de dix mesures structurelles. L’objectif est de ne laisser personne au bord du chemin.
Qu’y retrouve-t-on?
Je veux insister sur plusieurs d’entre elles. La première: sortir du carcan de la loi de 1996 (NDLR: considérée par les syndicats comme empêchant de vraies négociations salariales). J’étais invité le 9 novembre 2021 par la FGTB et la CSC de Charleroi, j’ai signé un engagement politique en ce sens. Deux rendez-vous arrivent: le congrès social d’Écolo le 5 juin, qui va valider cette option, puis nous confirmerons cet engagement fin juin, quand les syndicats seront reçus au Parlement parce qu’ils ont lancé une pétition. J’ai conscience que ce n’était pas dans l’accord de gouvernement au départ, mais la situation est fondamentalement différente. Il n’y a aujourd’hui aucune perspective d’augmentation salariale au-delà de l’indexation alors que ce serait possible dans certains secteurs: pharma, géants du web, banques, énergie… Le fait nouveau, c’est l’inflation qu’aucun modèle n’avait prévue.
Les libéraux n’ont pas envie de toucher à cette loi…
Je me demande de quoi ils ont peur. De la liberté? De négocier, en l’occurrence. Mais pourquoi? On ne va pas forcer toutes les entreprises à accepter, mais une liberté de négocier doit être rendue.
En Belgique, 1,4 million de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Concrètement, pour quelqu’un qui est isolé, c’est moins de 1287€ par mois. Il y a beaucoup de femmes, dont 170000 familles avec maman solo qui vivent sous le seul de pauvreté. Pour une femme avec un enfant de moins de 14 ans, c’est 1673 €. Moins de 1700€ nets par mois, pour tout! C’est vraiment sur les salaires qu’il faut agir, pour aider le «pouvoir de vivre», y compris avec un crédit d’impôt sur les bas salaires. Il y en a qui sont en dehors du monde du travail, raison pour laquelle on veut revaloriser les allocations les plus basses. En ce 1er Mai, je veux mettre l’accent sur les femmes, ce qui inclut aussi le débat sur les pensions.
La Vivaldi doit bientôt parvenir à un accord sur la réforme des pensions…
La ministre Lalieux nous annonce le dépôt imminent de sa note finale, pour un accord avant le 21 juillet. En moyenne, la pension d’une femme est 33% plus faible que celle d’un homme. Et 48% des travailleuses travaillent à temps partiel, pour seulement 11% des travailleurs. Ça impacte énormément les pensions. C’est pourquoi la priorité d’Écolo est d’assimiler davantage de temps partiel au calcul de la pension.
«Davantage», qu’est ce que cela signifie?
Les négociations doivent avoir lieu. Mais quelqu’un qui a travaillé deux tiers ou la moitié de sa carrière à trois quarts ou à mi-temps doit pouvoir accéder à une pension pleine ou quasiment.
Paul Magnette (PS) a relancé le débat sur une taxe sur les patrimoines de plus d’1 million d’euros. C’est aussi une de vos propositions…
Et je suis aussi content de voir que le CD&V a rejoint quelque chose que les écologistes défendent depuis longtemps.
C’est ça, la vraie nouveauté?
Tout à fait. L’accord de gouvernement permet d’avoir des mesures fiscales lorsqu’on discute du budget. Vu l’ampleur de la crise, la situation des gens, y compris des indépendants, la pression sur les classes moyennes, je ne comprends pas que le MR refuse notre mesure qui vise 1% des plus riches. Ce refus se fait au détriment des 99% les moins riches. Le MR, sous l’égide de Georges-Louis Bouchez, devient le parti des millionnaires. Travailler en priorité sur ce pourcent-là dégagerait 2 ou 3 milliards, en fonction des calculs. Et l’accord de gouvernement le permet.